Les intermittents du spectacle ont décidé de quitter l’Odéon ce dimanche matin. Le mouvement, initié début mars, a pris la direction du Centquatre, un autre lieu culturel parisien.
"Ce n’est qu’un au-revoir". Les intermittents du spectacle et précaires qui occupaient l’Odéon ont quitté d'eux-mêmes le théâtre parisien, tôt dans la matinée. Le mouvement, soutenu par la CGT, réclame depuis le 4 mars une deuxième année blanche, ainsi que le retrait de la réforme de l'assurance chômage qui entre en vigueur en juillet.
Alors que le directeur du théâtre Stéphane Braunschweig demandait la fin de l’occupation, accusant le mouvement d’avoir empêché la réouverture de l’établissement au public comme prévue dès le 19 mai, les intermittents continuent d’interpeller la direction dans un communiqué publié ce dimanche.
"Si un jour M. Braunschweig reçoit un Molière, ce ne sera sûrement pas celui du courage politique, ironise le texte. Mais après tout, M. Braunschweig n’est pas notre véritable ennemi. Tant mieux. Aux échecs comme à la guerre, le pleutre est le pire adversaire."
Et d’affirmer : "Nous l’avons dit maintes fois, notre intention n’a jamais été d’empêcher la réouverture. Mais nous avons affirmé aussi que nous ne sortirions pas de l’occupation tant que nos revendications ne seraient pas satisfaites. Nous refusons de porter la responsabilité de la fermeture de l’établissement et de l’annulation du spectacle. Que la Macronie assume, elle, de rester sourde aux voix des précaires qui se battent pour pouvoir vivre de leur métier et de leurs droits sociaux !"
"Il n’y pas réellement de réouverture aujourd’hui pour la culture"
Contactée, Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Syndicat national des artistes musiciens), explique également la décision : "Nous sommes partis parce qu’on ne pouvait plus supporter de voir notre combat invisibilisé par cet affrontement médiatique avec le directeur, uniquement centré sur la question du blocage. C’était devenu insupportable."
C’est très difficile pour le milieu associatif, et les concerts debout ne sont pas prêts de revenir
"Nous allons continuer la lutte autrement, et sereinement, poursuit Karine Huet. Il n’y pas réellement de réouverture aujourd’hui pour la culture. Seulement 10 à 20 % des gens travaillent. C’est très difficile pour le milieu associatif, et les concerts debout ne sont pas prêts de revenir."
L’occupation de l’Odéon est à l’origine d’un mouvement national, dans une centaine de salles en France. La semaine dernière, le gouvernement avait annoncé une prolongation des indemnisations chômage des intermittents du spectacle jusqu’en décembre prochain. Les occupants avaient alors annoncé ne pas vouloir cesser leur mouvement.
Dans leur communiqué publié ce dimanche, les intermittents interpellent le gouvernement, en annonçant "des surprises" à venir. Ils ont pris la direction du Centquatre, dans le XIXe arrondissement, qui sert actuellement de centre de vaccination, et ont déployé une banderole pour rappeler leur opposition à la réforme de l'assurance chômage. Une quarantaine de personnes étaient sur place ce dimanche après-midi.
On poursuit la mobilisation, on explique nos revendications
"Il y a de l’activité et on n’a pas l’intention de l’empêcher", précise Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. "On poursuit la mobilisation, on explique nos revendications, ajoute-t-il. On s’est installé au Centquatre pour pouvoir tenir des AG, des ateliers, et continuer l’occupation avec un lieu permanent, sur lequel lutter." Le mouvement demande toujours un "vrai plan de reprise" pour le secteur culturel, et plus d’aides pour les professions touchées.
De son côté, Stéphane Braunschweig, le directeur de l’Odéon, a également confirmé la fin de l'occupation dans un communiqué. Il y annonce la reprise des représentations de La Ménagerie de verre dès mardi 25 mai.