Pom Pom Girl et cheerleader sont un vrai mythe et un fantasme pour tous les ados américains. Une discipline pratiquée par plus de 3 millions de personnes outre-atlantique. Les Gays Games l'ouvrent à tous les sexes.
Charléty est encore sous le choc. Dès l'arrivée : des sourires, des cris, des sauts et des Pom-Pom girls de toutes les couleurs, de tous les sexes. L'impression d'être dans un clip de Britney Spear tout juste sortie d'un bus jaune scolaire avec ses socquettes blanches mais déjà prête à rouler une pelle à Madonna avec ses copines à la dégaine chaloupée et inclassable d'un Prince. "Sex" . Bref, encore une fois nous voilà victimes du fantasme classique de l'ado américain à la vue d'une troupe de cheerleaders.
Ne jamais se laisser guider par ses fantasmes, la vérité et l'histoire sont comme toujours ailleurs. Les cheerleaders c'est l'Amérique comme Tom Sawyer et les hamburgers certes. Une discipline pratiquée par plus de trois millions d'Américains, mais une pratique qui a été d'abord réservée exclusivement aux garçons.
La discipline est née à la fin du XIX ème siècle dans les universités américaines pour diriger les encouragements lors des événements sportifs (To cheer : encourager. To leed : diriger). Jusqu'aux années 50, les filles autorisées dès 1892 à fréquenter les mêmes bancs que les garçons à la fac n'avaient pas le droit de sortir les pompons. Ainsi Ronald Reagan avant d'être un modèle de la virilité américaine exacerbée sur celluloïd à Hollywood puis un père de la nation à la Maison Blanche... a été cheerleader.
Tout bascule après guerre, et le cinéma contribue largement à fabriquer le mythe féminin et hyper sexué de la cheerleader d'aujourd'hui.
Usine à fantasmes, dans le football américain, les Pom-Pom Girls contribuent au spectacle de la NFL (National Football Association), le championnat de football américain. Une formidable usine à cash aussi, pour tous, sauf pour elles. En 2015, elles se mettent en grève.
Elles étaient payées comme des pigistes par les clubs de foot à seulement 125 $ par match avec un contrôle permanent de leur masse corporelle et la menace d'être renvoyées à tout moment au moindre écart de poids.
Les lancers peuvent aller jusqu'à 6 mètres en cheerleading. Précision et technicité sont la règle pour réussir dans ce sport à mi chemin entre la danse et la gymnastique. La reconnaissance olympique est quasiment acquise pour Paris en 2024 et les mentalités outre-atlantique évoluent à grande vitesse. L'opinion a soutenu le mouvement social et les clubs font plus attention aux Pom-Pom girls. Les Rams de Los Angeles en mars 2018 ont été les premiers dans l'histoire de la NFL à intégrer deux garçons -danseurs- dans la troupe.
Les Gay Games étaient bien en avance en intégrant dès la création des jeux de la diversité en 1982 la discipline sans aucune exclusive de sexe bien évidemment, mais aussi d'âge.
"Au lycée, j'adorais regarder les cheerleaders." explique Raul Ruiz, venu spécialement de Los Angeles pour les jeux,
J'avais tellement envie de devenir moi même cheerleader mais impossible dans mon école où on me disait que c'était pour les efféminés, les homos. Alors je n'ai jamais osé braver les interdits.
Paul attendra d'avoir 34 ans pour franchir le pas. Aujourd'hui à l'approche de la cinquantaine, il continue à s'entraîner pour garder la forme et pour vibrer. Promis, il reviendra à Paris -en spectateur- quand son sport sera consacré olympique en 2024.