Ce que le confinement va changer sur le marché de l'immobilier en Île-de-France

Les premières tendances montrent une volonté des Franciliens de déménager à la campagne et une difficulté pour les ménages les plus précaires à accéder au crédit bancaire.

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Va-t-on enfin vers une stagnation, voire une baisse des prix de l'immobilier en Île-de-France ? Avec la crise engendrée par le coronavirus, certains espèrent un tel phénomène. La mise en place du confinement a, en tout cas, fait chuter les transactions ces derniers mois.

"Si l'on prend le mois d'avril 2020 et qu'on le compare à celui de l'année précédente, on constate une chute de 87% du nombre de compromis signés. C'est spectaculaire, explique ainsi Michel Mouillart, professeur d'économie et membre de l'Observatoire Crédit Logement / CSA. Mais nous avions déjà noté un fléchissement dès le début de l'année".

Pour autant, difficile de penser que les bonnes affaires sont à venir. Il n'y a plus que sept arrondissements Parisiens encore sous la barre symbolique des 10 000 euros le mètre carré selon le dernier baromètre LPI-SeLoger paru début juin (qui concerne les logements anciens). Une hausse continue des prix qui se répercute sur tous les logements de la région, particulièrement de la petite couronne.

"Il ne faut pas rêver. A Paris, les ménages qui sont sur le marché ont les moyens d'y être. Ceux qui n'y sont plus sont les ménages qui achètent des produits de qualité médiocre et peu chers. Ainsi, mécaniquement, il reste des produits de qualité et cela fait monter les prix", poursuit l'économiste.

 

Prêts bancaires

Un constat partagé par Corinne Joly, présidente de PAP.fr : "Paris reste le premier département de France en termes de recherches. Cela baisse légèrement, mais les biens sont malgré tout très recherchés. On a encore vu des ventes qui sont toujours au-dessus de 10 000 euros le mètre carré."

Pour cette dernière, seule la situation économique pourrait faire chuter le marché. "On est vigilant. Car une hausse du chômage égale moins de crédits immobiliers", poursuit la dirigeante.

Michel Maillart prédit lui une baisse des prêts aux particuliers. "Il y a des recommandations de la Banque de France qui écartent du marché les ménages à apport personnel trop bas. Comme une partie des ménages modestes ne peuvent plus rentrer sur le marché du crédit, on a de facto un durcissement."

Ces recommandations stipulent que le taux d'endettement des ménages ne dépasse plus 33%. Or, en 2019, 35% des emprunteurs dépassaient ce taux selon l'économiste. "Si à l'avenir les autorités financières ne modifient pas cela, le marché va vivoter. Ce n'est pas avec une récession et un taux de chômage qui augmente rapidement que l'on peut escompter un retour des ménages désargentés."
 

Envie de changer d'air

Si les prix ne baissent pas, le marché pourrait en revanche bien se transformer. "Depuis le début du confinement, on constate une accélération des envies de changement de logements, surtout pour ceux qui étaient limite en taille d'appartement", affirme Corinne Joly.

Ainsi, surprise de cette période : les recherches de logements dans des départements ruraux ont fortement augmenté. Avec 112% de recherches en plus (recherches calculées du 11 au 24 mai 2020 par rapport à l'année précédente), la Seine-et-Marne se place en tête des lieux les plus consultés. Viennent ensuite les Yvelines (+78%), l'Essonne (+64%) et le Val-d'Oise (+55%).

"Nous avons vu qu'en avril, les consultations des Franciliens se portaient que sur des départements de vacances comme le Calvados ou la Dordogne. En mai, les départements sont devenus plus proche de l'Île-de-France, avec une hausse spectaculaire des recherches dans le Loiret, l'Yonne ou l'Eure par exemple. Il y a eu une rationalisation des recherches avec la question : 'où est-ce que je peux m'installer ?'", indique Corinne Joly.

Selon elle, une conséquence directe de la généralisation du télétravail et de la moindre importance des temps quotidiens dans les transports et de l'importance du critère qualité de vie. "Les lieux recherchés ne sont pas des lieux de résidence secondaire ou de vacances. Ce sont des intentions qui ne relèvent pas du fantasme. Si je n'avais que des recherches sur le littoral, je dirai autre chose", pense-t-elle.

Et pour les primo accédant, qui empruntent le plus, Michel Mouillart conseille vivement de "continuer à économiser" surtout si "l'apport personnel est inférieur à 20% du montant de l'opération". L'autre solution est de s'éloigner, mais là encore, les prix pourraient bien augmenter.
 
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