L'annonce de l’instauration d’un couvre-feu à Paris par le porte-parole du gouvernement a été démentie par les services du Premier ministre.
Couac de communication entre Gabriel Attal et Matignon. Invité de RMC/BFM TV ce matin, le porte-parole du gouvernement affirmait qu’un couvre-feu serait instauré, en plus du confinement à Paris, et peut-être étendu à toute l’île de France. "On va réinstaurer un couvre-feu à Paris et peut-être en Île-de-France à 21h. C'est le ministre de l'Intérieur qui le dira dans la journée (…) On met en place des mesures difficiles pour tous, et si beaucoup les respectent c’est insupportable pour certains Français de voir que d’autres ne respectent pas les règles", avait-il alors déclaré.
Matignon a, pourtant, dans la foulée, démenti ces informations. "Cette décision (d’instauration d’un couvre-feu à Paris) n’est pas actée à ce stade", ont indiqué les services du premier ministre. Le préfet de police a simplement évoqué la possibilité d’une telle mesure en raison de " certaines situations observées en soirée à Paris". Un tel dispositif doit faire l’objet d’une concertation avec "la municipalité parisienne". La décision de mettre en place, ou pas, un nouveau couvre-feu, sera prise "dans les prochains jours".
"Il y a un certain nombre d’attroupements qui ont encore lieu le soir, parfois tard, dans certaines rues des villes d’Ile-de-France et qui peuvent être corrélés au maintien ouverts d’un certain nombre de commerces dits ‘essentiels’ en soirée" a expliqué de son côté le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’un déplacement aujourd’hui.
"La barre des 1000 (patients Covid-19 hospitalisés en réanimation) sera franchie demain", avait twitté lundi soir Aurélien Rousseau, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) pour l'Ile-de-France, alors que 978 patients étaient d'ores et déjà en réanimation dans les hôpitaux franciliens.
« Non-maîtrise »
Pour les analystes, ce (nouveau) couac traduit la confusion régnant au sein du gouvernement concernant la politique à adopter face à l’épidémie. « Ce couac montre que le gouvernement ne tient plus sa communication. Cela ne contribue pas à rassurer les opinions publiques et à faire en sorte qu’elles s’approprient bien les consignes sanitaires », explique Arnaud Benedetti, professeur associé à la Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, contacté par France 3 Paris Ile-de-France. " Sur le fond, ils donnent l’impression d’une non-maîtrise de l’épidémie, de la logistique et de l’ensemble de l’organisation de l’État qui est censé, aujourd’hui, gérer cette crise pandémique (…) La communication traduit les choix politiques. Si vos choix ne sont pas clairs, votre communication ne le sera pas non plus", explique-t-il.Ce nouvel imbroglio qui ne va pas arranger les affaires de l'exécutif, étant déjà sous le feu des critiques depuis la mise en place, jugée trop « souple » du nouveau confinement.
Dans la pratique, la mise en place du nouveau confinement a « remplacé » le couvre-feu établi en octobre entre 21h et 6h. Et, toujours dans les faits, il n’est actuellement pas interdit de prendre l’air durant la nuit si l’on est muni d’une attestation de déplacement et si l’on respecte les limites géographiques et temporaires fixées, à savoir : pas plus d’une heure par jour, et dans un rayon d’un kilomètre autour de chez soi.
Imposer un couvre-feu en plus du confinement empêchera donc de se déplacer le soir entre 21h et 6h, si le rayon temporaire restait le même que durant le premier couvre-feu. Reste maintenant à savoir si cette mesure, si elle est effectivement appliquée, sera vraiment utile pour freiner la propagation du virus. Le premier couvre-feu n’ayant pas eu les résultats escomptés.