Crack à Paris : trois maires franciliens interpellent Emmanuel Macron face à une "situation dramatique"

Les maires du 19e arrondissement de Paris, d'Aubervilliers et de Pantin (Seine-Saint-Denis), interpellent le président de la République à propos du déplacement de toxicomanes dans un square de la Porte de la Villette.

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"Il est curieux que, lorsqu’il faille éloigner des personnes provoquant des nuisances, la proximité de villes de Seine-Saint-Denis semble être un avantage plus qu’un problème", déclarent François Dagnaud, maire du 19e arrondissement de Paris, Karine Franclet, maire d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et Bertrand Kern, maire de Pantin (Seine-Saint-Denis) dans une pétition adressée au président de la République.

Ces derniers mettent en cause la gestion de la préfecture de police de Paris (donc l'État), de 200 toxicomanes du jardin d’Éole au square de la Porte de la Villette. "Trois mois qui tombent le 24 décembre, quelle détestable ironie !", ajoutent ces élus.

Outre le fait de ne pas avoir été prévenus, les édiles pointent le fameux mur construit à la hâte pour empêcher ces usagers de crack (un dérivé fumable de la cocaïne) de revenir à Paris : "Du jour au lendemain, ce mur a privé les riverains de la seule circulation douce aux abords de la Porte de la Villette pour que ces personnes en errance puissent s’installer sur un lieu totalement inapproprié".

Les trois élus expliquent ainsi s’adresser au président de la République "en dernier ressort, n’ayant reçu aucune réponse à la situation dramatique qui se déroule depuis des mois au square de la Porte de la Villette", et poursuivent en demandant à l’État "de prendre en charge ces personnes pour les soigner".

En octobre dernier, une femme avait été retrouvée morte par overdose dans le camp de toxicomanes. "Si ces personnes avaient été prises en charge médicalement et socialement, nous n’aurions peut-être aucune mort à déplorer", regrettent les maires. Lors du déplacement des consommateurs de crack de Stalingrad vers la porte de la Villette, le 24 septembre, les autorités avaient évoqué une solution "temporaire".

Changer de stratégie

Début décembre, la Chambre régionale des comptes a tiré un bilan en demi-teinte de la stratégie anti-crack à Paris. Les toxicomanes sont en meilleure santé, mais la tranquillité n'a pas été rétablie, résument les auteurs du rapport.

Lancée en 2019, la stratégie triennale devait mutualiser les efforts contre la consommation de crack qui gangrène le nord-est de Paris, en associant la municipalité à divers services de l'État : préfectures de région et de police, parquet, Agence régionale de santé et Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

"Le plan a produit des résultats réels mais partiels et sans effet sur les atteintes à la tranquillité publique", affirme la CRC alors que des centaines de toxicomanes sont toujours dans la rue, ballotés au gré des évacuations.

La stratégie collective des pouvoirs publics a permis de débloquer "de l'argent qui a été utilement dépensé", tempère Christian Martin, le président de la CRC francilienne.

Le budget (qui a explosé pour atteindre 25 millions d'euros au lieu des 9 prévus) a été utilisé à 70% pour créer 440 places d'hébergement d'urgence afin de sortir de la rue de nombreux accros au crack.

Précipité par le premier confinement au printemps 2020, qui a imposé des mises à l'abri dans des hôtels, cet effort massif et inattendu semble porter ses fruits. "Une petite majorité de consommateurs hébergés et accompagnés réussissent à réduire leur consommation de stupéfiants", note le rapport.

En revanche, le plan était sous-dimensionné pour les 700 à 800 consommateurs précaires recensés dans Paris, déplorent les magistrats.

Coordination défaillante

La CRC regrette aussi l'implication insuffisante de la police et la justice dans cette stratégie. La préfecture de police et le parquet de Paris ont mené ce combat séparément, en contrecarrant parfois l'action de leurs partenaires sanitaires. L'espace de repos conçu pour les usagers de la Colline du crack n'a par exemple jamais trouvé son public, car ce campement proche du périphérique a été démantelé à la veille de son ouverture.

Au final, seules deux salles de ce type sur les six prévues ont été créées, mais n'ont jamais ouvert la nuit, période la plus sensible.

La mairie de Paris a indiqué travailler sur un nouveau plan crack à Paris. Selon Emmanuel Grégoire, le premier adjoint (PS) à la mairie de Paris, la ville veut se concentrer sur "l'hébergement et l'ouverture de lieux de repos avec des amplitudes horaires les plus larges possibles", quitte à "mettre de côté pour le moment le sujet" des salles de consommation, rebaptisée Haltes soin addiction (HSA).

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