De nombreux maires estiment que leurs établissements n’auront pas les moyens de garantir la sécurité et la santé des élèves et des équipes.
Plus la date du 11 mai approche, plus l’inquiétude est forte chez les élus. Ils sont de plus en plus nombreux à déplorer un manque de moyens et de garanties sanitaires pour cette reprise et certains préféreraient que leurs écoles gardent portes closes.
Certains n'ont pas attendu le discours du Premier ministre ce mardi 28 avril à l'Assemblée Nationale, pour annoncer leur décision. C'est le cas du maire PCF de Stains (Seine-Saint-Denis). Ce mardi, Azzédine Taïbi se dit très inquiet, il confirme que dans sa commune, les écoles ne rouvriront pas le 11 mai. Il estime "ne pas être en mesure" de garantir la sécurité des enfants mais aussi des enseignants et du personnel communal. "Je ne veux pas mettre en danger la vie de nos enfants" et prendre le risque de "créer une situation d’un retour de l’épidémie au sein de l’école", argumente t-il.
La reprise le 11 mai : une problématique qui dépasse les clivages politiques
Dans un courrier envoyé au préfet de Seine-Saint-Denis et à l'Education nationale, huit maires centristes de Seine-Saint-Denis (Bobigny, Drancy, Le Raincy, Saint-Ouen, Noisy-le-Sec, Livry-Gargan, Le Bourget, Coubron) expliquent que leurs écoles maternelles et leurs crèches "resteront fermées jusqu'en septembre".Lettre des élus centristes envoyée au préfet de Seine-Saint-Denis et à l'Education nationale
Dans ce courrier, les élus affirment avoir parfaitement conscience de la nécessité d'une sortie progressive du confinement mais émettent trois conditions à la reprise de l'accueil en classe et en crèche dans leurs communes. "La première de ses conditions et que l’ensemble du personnel adulte conduit à travailler dans nos écoles, enseignants, personnel communal ou personnel de sociétés privées soient testées préalablement puis régulièrement au coronavirus" ,"que les enfants et le personnel puissent disposer de masques" et enfin "que les règles de distanciation soient respectées" expliquent-ils.
"L'ouverture d'une école engage la puissance publique"
Les élus multiplient les prises de positions. Ainsi dans une tribune publiée dans le JDD, des élus locaux de gauche alertent sur les enjeux spécifiques du déconfinement de la région Ile-de-France. A l'initiative de cette tribune, Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche à la région IDF et enseignante dans un collège parisien, explique que concernant la reprise de l'école "l'essentiel est de garantir la sécurité sanitaire du personnel et des enfants". "Les établissements ne doivent pas devenir des foyers épidémiques et les enfants des vecteurs de transmission du virus dans les familles". "Il faut un plan d'action intégrant des garanties sur l'entretien des locaux et l'approvisionnement en masques, blouses, gants et tests car l'ouverture d'une école engage la puissance publique". "C'est seulement à ces conditions qu'il est envisageable d'ouvrir les écoles", conclue-t-elle.
Le Conseil scientifique recommande une rentrée en septembre
Les élus s'appuient sur l'avis des scientifiques. Nombreux sont ceux qui rappelle la recommandation du Conseil scientifique qui dans un avis publié le 20 avril, recommande une rentrée en septembre :"En l’état actuel des connaissances au plan épidémique, le risque de formes graves est faible dans cette population. Le risque de contagiosité individuelle chez les jeunes enfants est incertain, mais paraît faible. A l’inverse, le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en oeuvre chez les plus jeunes. En conséquence, le Conseil scientifique propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre", est-il précisé dans le texte.
Ce mardi, le discours du Premier ministre sur la stratégie de déconfinement était très attendu des parents, des enseignants mais aussi des élus. A l'Assemblée Nationale, Edouard Philippe a donné quelques éléments de réponse : les maternelles et écoles élémentaires rouvriront de manière "très progressive", "partout sur le territoire et sur la base du volontariat". Les crèches seront rouvertes à partir du 11 mai avec des groupes de 10 enfants maximum et "il n'y aura pas de port de masques, pour les enfants de trois ans". Enfin la réouverture des lycées sera décidée fin mai.