Parents d’élèves et enseignants s’inquiètent des fermetures de classes prévues en septembre à Paris dans le cadre du réajustement de la carte scolaire. Des fermetures aux conséquences catastrophiques selon eux, dans le contexte de crise sanitaire.
"C’est une catastrophe, cela fait 14 ans que je suis parent élu et je n’ai jamais vu ça", déplore Mathilde Blaise, maman de Robinson en CE2 à Paris. Le rectorat a décidé de fermer une classe supplémentaire dans l’école de son fils. "On va passer d’un taux d’encadrement de 17,5 à 25,5 élèves par classe, ce qui est inédit dans l’arrondissement et en REP", dénonce cette représentante Fcpe.L’école du 103 rue des amandiers dans le XXe arrondissement fait pourtant partie du dispositif d’éducation prioritaire. "Une grande majorité des enfants de cette école a une situation sociale compliquée . Cela a des répercussions sur le comportement en classe. Il y a 10% des élèves qui avec la fermeture de l’école ont disparu des radars, c'est-à-dire zéro contact ", poursuit-elle. Une situation qui rend d’autant plus complexe selon elle, une rentrée en septembre dans des classes surchargées.
68 ouvertures pour 63 fermetures
Comme chaque année au printemps, la carte scolaire est réajustée. Des classes ouvrent et ferment en fonction des effectifs. Le conseil départemental de l’Education nationale (CDEN) s’est tenu jeudi. "On a décidé d’annuler huit fermetures", indique la direction académique de Paris. "Nous avons 68 ouvertures et 63 fermetures. On a beaucoup tenu compte de l’environnement de l’école, de son histoire particulière."L’école maternelle de la Cour des Noues dans le XXe arrondissement a évité la fermeture, ses sept classes resteront finalement ouvertes. Un soulagement pour Christina Dirakis, maman d’élève et membre du collectif des représentants de parents d’élèves de l'établissement. Car la fermeture d’une classe dans cette école aurait entrainé, selon le collectif, des classes à 29 enfants dans les petites et moyennes sections: "une catastrophe après le covid".
Pas de créations de postes
Selon le syndicat enseignant Snuipp-FSU, plusieurs fermetures de classe sont problématiques dans différents secteurs de la capitale. "L’académie de Paris est la seule académie métropolitaine qui n’a pas eu de créations de poste cette année. Pourtant les besoins sont importants et la crise que nous traversons va évidemment avoir des conséquences difficiles pour un certain nombre d’élèves, notamment les plus fragiles" , assure Jérôme Lambert du Snuipp-Fsu. Le syndicat réclame une dotation supplémentaire du ministère.La direction académique estime au contraire la dotation généreuse étant donné la baisse démographique que connaît la capitale depuis plusieurs années. "La dotation de l’Etat était initialement de -16 puis le ministère a obtenu une nouvelle enveloppe, qu’il a distribué dans toute la France et il nous a donné 16 emplois", indique la direction académique. "On est aussi avec une baisse démographique de 2 000 élèves, ce qui veut dire qu’on obtient une amélioration des taux d’encadrements partout. "
Des dédoublements des classes de grande section dans 40 écoles
Le dédoublement des classes de grande section, qui devrait être généralisé à partir de la rentrée 2020, dans toutes les maternelles de l'éducation prioritaire, comme c'est déjà le cas en CP et en CE1, sera possible dans moins de quarante écoles de la capitale. Une décision, selon le rectorat, justifiée pour éviter que le taux d'encadrement dans les autres niveaux ne soit trop important.Une réévaluation de la carte scolaire doit aussi avoir lieu en juin. Le cas de l’école des Amandiers dans le XXe sera réexaminé en priorité a assuré le rectorat.