Les régies publiques chargées d'alimenter en eau Paris et une partie de l’Île-de-France appellent à "un grand débat démocratique". Elles s'opposent à un coûteux projet d'usines mené par le Sedif, jugé énergivore et non-écologique.
Les régies chargées de l’alimentation en eau potable des Parisiens et d’une partie des Franciliens ont appelé ce lundi à un "Grenelle de l'eau" avec l’Etat pour la région. Au coeur de cette bataille : le projet du Sedif, le premier syndicat des eaux de France avec 133 communes autour de la capitale et 4 millions d'usagers, qui veut doter ses usines de technologies promettant une "eau pure".
Le projet, chiffré à près d'un milliard d'euros, est "une fuite en avant dans le tout-technologique" ignorant l'enjeu de la préservation de la ressource, déplorent les contestataires. "Ce méga-projet d'investissement aura d'importantes conséquences à l'échelle de toute l'Île-de-France et du bassin versant Seine Normandie", a déclaré Dan Lert (EELV), président d'Eau de Paris, lors d'une conférence de presse au côté d'intercommunalités passées ou en cours de passage en régie publique, le tout représentant plus de 4 millions d'habitants, soit un tiers des Franciliens.
Cette "réponse est inadaptée à l'Île-de-France" et au défi du climat, et entraînera "une augmentation substantielle du prix de l'eau pour les usagers du Sedif, l'explosion de la consommation énergétique, le report des pollutions sur d'autres acteurs" avec les rejets liés à ces traitements, a également pointé du doigt l'adjoint d'Anne Hidalgo. Il demande "le retrait du projet" et "un grand débat démocratique sur l'eau dans la région, avec l'État".
"C'est une question de confiance citoyenne"
Les régies publiques, qui soulignent que les réseaux sont interconnectés, s'inquiètent aussi de leur capacité à poursuivre les échanges si les eaux devaient prendre des caractéristiques trop différentes. "Il n'est pas possible qu'un syndicat propose ses propres normes de qualité de l'eau", à côté des normes européennes, a déclaré Michel Bisson, président de Grand Paris Sud (sur Essonne et Seine-et-Marne).
"C'est une question de confiance citoyenne", a expliqué l’élu, réclamant "un Grenelle de l'eau du bassin Seine Normandie, avec le préfet de région, pour définir une stratégie collective dans une logique d'alliance des territoires pour préserver la ressource".
Le projet du Sedif, présidé depuis 1983 par André Santini et en délégation de service public confiée à Veolia, fait depuis avril l'objet d'un débat public obligatoire. Ce débat est mené sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).