Des "citoyens engagés", dont l’ancien coprésident de la FCPE Rodrigo Arenas, ont créé un site internet pour aider les réfugiés : "Ukraine-Solidarité". Le but est de faciliter leur intégration dans les établissements français.
Alors que la Russie a lancé une nouvelle offensive dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine, de nombreuses familles sont aujourd’hui hébergées dans notre pays. "On compte désormais quelque 7 000 jeunes Ukrainiens réfugiés en France", alerte le site Ukraine-Solidarité. La plateforme, lancée par des Franciliens, propose d’aider les réfugiés à "réussir leur intégration dans leurs nouveaux établissements scolaires ou universitaires".
Ecoliers, collégiens, lycéens, étudiants… Pour accompagner ces jeunes "brutalement coupés de leur environnement habituel", parfois "traumatisés par leur exil forcé" et qui vivent désormais "dans un pays inconnu", le site repose sur un principe de parrainage. L’idée est de mettre en relation les parents, les écoliers, les collégiens, les lycéens et les étudiants français d’un côté, avec les réfugiés ukrainiens de l’autre.
"Expliquer comment fonctionne l'École en France", "accompagner l’apprentissage de la langue française", "favoriser les rencontres avec d’autres jeunes"... L'objectif est aussi de "créer un véritable lien de solidarité" au quotidien, sur le long-terme. Seule condition pour parrainer un réfugié : disposer de quelques heures par semaine.
"Il est préférable d’être soi-même un parent d’élève/d’étudiant ou soi-même un étudiant pour s’inscrire dans cette démarche", prévient toutefois la plateforme. Une section du site est également dédiée aux familles ukrainiennes, pour leur permettre de faire parrainer un enfant et ainsi obtenir de l’aide.
"Un accompagnement humain"
Derrière le projet, on trouve notamment Rodrigo Arenas. "C’est aussi mon histoire personnelle", raconte cet ancien coprésident de la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE), qui est arrivé en France dans les années 1970, à l’âge de quatre ans. Sa famille fuyait alors la dictature du militaire chilien Augusto Pinochet.
Rodrigo Arenas souligne le rôle de l’école pour l’intégration : "Ce sont les parents d’élèves, les enseignants et les gens de tous les jours qui permettent de s’intégrer en France. C’est ce dont les Ukrainiennes et leurs enfants ont besoin aujourd'hui. Ce sont fondamentalement des femmes seules avec enfants, parce que les maris sont en Ukraine en train de défendre leur pays."
"Ils ont besoin des mêmes choses que les enfants français : faire face aux difficultés rencontrées à l’école, face à la barrière de la langue, avoir un accompagnement dans les demandes administratives, dans les démarches à la sécurité sociale, ou pour les logements… Autrement dit tout ce qui fait la solidarité entre des êtres humains, qui mettent du cœur à l’ouvrage. Pas simplement un rapport administratif à une situation qui est extrêmement difficile", poursuit l’ex-coprésident de la FCPE.
Les associations et l’Etat français doivent aller sur place pour les convaincre de venir en France
Rodrigo Arenas
"Je pense notamment à cette maman qui nous a contactés hier via un enseignant du lycée français de Varsovie, ajoute-t-il. Son appartement a reçu une bombe, il est détruit. Son mari est resté sur place. Elle est aujourd’hui en Pologne, pour venir en France. On a besoin de l’accueillir pas seulement avec des papiers, mais aussi avec des gens qui réservent un accompagnement humain."
"Ce sont des personnes qui ne veulent pas forcément venir en France, parce qu’elles veulent rester proches de leur pays, car elles comptent y retourner. Donc il faut expliquer qu’elles vont être bien accueillies et entourées bénévolement par des Françaises et des Français sur notre territoire. C’est ça, la solidarité. Le système scolaire à Varsovie n’est pas en mesure d’accueillir tous les enfants. La France doit prendre toute sa part", souligne Rodrigo Arenas.
"Les associations et l’Etat français doivent aller sur place pour les convaincre de venir en France, et pour présenter un parcours d’intégration et de solidarité", affirme-t-il. A noter enfin que la plateforme est en accès libre et que "les associations qui le souhaitent peuvent évidemment en disposer". Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, près de cinq millions de réfugiés ont fui leur pays à ce stade, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU. Il s’agit du plus important flux de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, d’après l'organisation.