INTERVIEW. "Un tiers des Franciliens est concerné par le mal-logement", selon la Fondation Abbé Pierre.

L'antenne francilienne de la Fondation l'Abbé Pierre vient de publier son 3e rapport sur le mal-logement en Île-de-France. Plus d'un tiers des Franciliens sont concernés. Entretien avec Eric Constantin, le directeur Régional de la fondation Abbé Pierre

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Aujourd'hui, prés de 1,3 million de personnes sont mal-logées en Île-de-France selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, co-écrit avec l'Institut Paris Région,

Pour Eric Constantin, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, la crise du mal-logement s'est renforcée en Île-de-France et les indicateurs ont viré au rouge depuis le dernier rapport effectué par la fondation en 2019.

Il pointe notamment du doigt, les programmes de construction de logements en retard par rapport aux objectifs annoncés par l'Etat, et le coût élevé, voire prohibitif des loyers pour les populations précaires.

Quels sont les chiffres clefs de ce dernier rapport ?

E C : On est en toujours dans une situation globale extrêmement tendue, notamment à cause du prix de l'immobilier en Île-de-France. Le mal-logement, c'est près d' 1 million 300 mille personnes en Île-de-France, et au-delà, près de 3 millions sont fragilisées par leur situation d’habitat. On peut dire qu'il y a un tiers des Franciliens qui sont, soit mal-logés ou soit fragilisés par la situation de leur habitat.

Et l’autre sujet, c’est la production de logements ( ..) les objectifs de l'Etat, c’est de construire de 70 000 logements par an (..) sur les années 2000-2018, on en a fait 58 000 ; on est aussi en retard sur la construction de HLM. Sur ces quatre dernières années, il nous manque 50 000 logements par rapport aux objectifs prévus de construire 37 000 logements sociaux par an.

Quelles sont les conditions de logements de ces populations ?



E C : Parmi les 1,3 millions de personnes mal logées, on trouve la plus sévère du mal-logement : ne pas avoir de logement personnel, plus de 300 000 personnes sont concernées.

Parmi elles, plus de la moitié est hébergée chez des tiers, non pas, par choix, mais par contrainte. Des dizaines de milliers de personnes sont également sont logées dans des hôtels (..) ou hébergées par le 115, et d’autres sont dans des habitations de fortune, dont des bidonvilles. Et vous avez 140 000 personnes sans aucun domicile.

Pour les 960 000 autres personnes, elles sont logées dans des conditions très difficiles, soit en privation de confort, soit en surpeuplement ( ..) il manque au moins deux pièces par rapport à la composition familiale.

Qui sont ces mal-logés ?


E C : Dans la grande majorité, on le voit, ce sont des personnes à faibles ressources, à revenus modestes. Quand on regarde précisément, on va retrouver, sans surprise, surtout des familles monoparentales, des personnes âgées ou pour les personnes plus jeunes, quand on regarde le type de mal-logement, on va plutôt les trouver hébergées de manière contrainte et puis il y a les familles immigrées (..) on est sur un public ou traditionnellement, les salaires sont moins importants.

Est-ce que vous constatez une dégradation du mal-logement en Île-de-France ?


E C : On a des indicateurs qui nous inquiètent. On a regardé par rapport aux chiffres de 2019 dans notre dernier rapport. Le nombre de personnes placées en structure d’urgence a augmenté de 80 % en Île-de-France. On a plus de 30 % de personnes hébergées à l’hôtel.

On a regardé le nombre de demandeurs de logements en Île-de-France, on est quand même rendu à 740 000 demandeurs de logements dans la région. ( .. )  Et parmi ces demandeurs, le nombre de demandeurs de logements en situation précaire est en hausse de 10 %.




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