L’avenir de l’association MaMaMa en sursis: elle porte plainte contre le maire de Saint-Denis

Le torchon brûle entre MaMaMa et la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La municipalité réclame le paiement d’un loyer à l’association pour un local occupé gratuitement depuis deux ans. De son côté, l'association a décidé de porter plainte pour "corruption passive" et "trafic d'influence". Le tribunal de Bobigny devrait décider le 13 janvier prochain de l’expulsion ou du maintien de MaMaMa.

Créée il y a deux ans, en pleine crise sanitaire, l’association MaMaMa est venue en aide à près de 70 000 femmes et enfants en situation de précarité. La distribution de colis solidaires est aujourd’hui menacée, car début octobre, la nouvelle d’une assignation en justice est tombée. La Société́ d’Économie Mixte (SEM) Plaine Commune Développement, aménageur public du 93 et la ville de Saint-Denis, demandent au tribunal de Bobigny "d’ordonner l’expulsion de l’association MaMaMa et de tous occupants de son chef, avec au besoin le concours de la force publique".

 18 000 euros par mois pour l’occupation du local

Au cœur du différend : 18 000 euros de loyer mensuel exigé par les collectivités locales. Un loyer punitif estime Magali Bragard, présidente de l’association. « Nous distribuons des colis alimentaires, nous ne tirons donc aucun revenu de notre activité. Nous ne pouvons pas nous permettre 18 000 euros de loyer mensuel. Cela reviendrait à dépenser 200 000 euros par an » déplore la cofondatrice de MaMaMa.

Selon elle, Mathieu Hanotin, actuel maire de Saint-Denis, s’est engagé, lors d’une visite dans le local, en février 2021, à ne jamais faire payer de loyer à l’association et aurait même proposé de trouver un autre local pour accueillir MaMaMa.

Une version balayée par la ville de Saint-Denis qui assure que le local a été prêté gracieusement et de façon provisoire pendant la crise Covid, et que MaMaMa a été prévenue il y a un an qu’il faudrait payer un loyer ou trouver un autre local. « C’est la seule association de Saint-Denis à occuper gratuitement un local de 1200 m², c’est injuste pour les autres acteurs associatifs présents sur notre territoire qui, eux, payent un loyer » explique-t-on dans l’entourage du maire.  

 

L'association a décidé de porter plainte 

Le litige ne s'arrête pas puisque l'association MaMaMa a annoncé ce mercredi 16 novembre avoir déposé deux plaintes: l'une pour "corruption passive" et "trafic d'influence", et l'autre pour "harcèlement moral" et "menaces" contre le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin. 

Selon les cofondatrices, l'entrepôt ferait "l'objet de convoitises et de tractations politiciennes". Elles disent avoir subi "des intimidations" et "des insultes sexistes". "On se retrouve dans une affaire clientéliste où on veut récupérer notre local pour installer des associations et entreprises proches de l'équipe municipale", a accusé Mme Bragard.

La procédure est "en cours d'examen", a indiqué le parquet de Bobigny. De son côté, la municipalité a dénoncé "une campagne de dénigrement". "Aucune autre association historique ne bénéficie de locaux aussi importants. On ne peut s'affranchir des lois et des règles quand bien même on défend une cause louable", a pointé la première ajointe, Katy Bontinck.

Les normes de sécurité du local en question

Autre argument avancé par la ville de Saint-Denis : le local de MaMaMa, qui doit être détruit d’ici à 2024, n’est pas aux normes ERP (établissement recevant du public). Or, l’organisation non-gouvernementale (ONG) accueille régulièrement des bénéficiaires. « MaMaMa stocke des matériaux, comme des vêtements ou encore des poussettes qui pourraient être conducteurs en cas d’incendie. La responsabilité du maire pourrait alors être engagée » précise la mairie.

Là encore, les versions s’affrontent. Magali Bragard estime, de son côté, que son association n’est pas soumise aux normes des ERP. « Nous ne recevons pas de public de façon ouverte, nous recevons des bénéficiaires sur rendez-vous individuels, ce qui ne correspond pas à la définition d’un ERP. D’autre part, nous avons organisé des formations secours pour les bénévoles, et nous avons un contrat d’assurance depuis la veille d’être rentrés dans les locaux » précise la présidente de MaMaMa.  

 

Une pétition pour soutenir MaMaMa

 

Aujourd’hui, le dialogue entre la mairie de Saint-Denis et l’ONG semble rompu. « On a demandé plusieurs fois des rendez-vous, la mairie a toujours refusé depuis que l’assignation est lancée. On continue tout de même à travailler avec les services de Saint-Denis : on livre les services de protection maternelle et infantile (PMI) de la ville, on travaille avec les travailleurs sociaux de la ville… » souffle Magali Bragard. D’ici au 13 janvier, elle espère toutefois que les élus de Saint-Denis reviendront sur leur décision d’expulser son association grâce notamment à la pétition lancée pour soutenir MaMaMa.

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