Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, a estimé que la présence ou non d'un contrôleur à bord d'un train ne fait "pas de différence de niveau de sécurité" et de citer les "6.000 trains qui circulent chaque jour avec un conducteur seul" en Île-de-France.
"Les trains conçus pour être conduits en agent seul ont des équipements spéciaux, des caméras de montée et descente, un signal d'alarme par interphonie, et le conducteur est spécialement formé pour conduire seul", a insisté M. Pepy, interrogé sur la revendication de "contrôleurs dans tous les trains" par les cheminots dans un entretien aux journaux du groupe Ebra paru ce vendredi."Il n'y a tout simplement pas de différence de niveau de sécurité, que ce soit pour les clients ou pour les agents, entre configuration sans contrôleur et configuration avec contrôleur", a-t-il estimé.
Ainsi, les agressions "se produisent autant dans des trains avec ou sans contrôleurs (...) En Île-de-France, 6.000 trains circulent chaque jour avec un conducteur seul en cabine et des équipes de contrôle mobiles. Sur TER, c'est environ 40%", précise-t-il.
Entretien exclusif| Guillaume #Pepy: "La même sécurité avec ou sans contrôleur dans le #TER"https://t.co/NQP1zOIuMc pic.twitter.com/y06usSCmL8
— Le Progrès (@Le_Progres) October 25, 2019
Les conducteurs avaient exercé leur droit de retrait
Les circonstances de l'accident de TER survenu la semaine dernière dans les Ardennes avaient été à l'origine d'une série d'arrêts de travail de conducteurs et contrôleurs dans toute la France sur la base du droit de retrait."La sécurité est garantie dans l'ensemble de nos trains régionaux par la combinaison d'une homologation stricte du matériel par l'autorité indépendante de sécurité (EPSF), des procédures claires et auditées pour les agents, d'une formation continue, et d'un retour permanent sur les expériences", a relevé Guillaume Pepy.La SNCF a cependant annoncé vendredi qu'elle allait "renforcer les équipements d'alerte radio en cas de choc important" pour les autorails grande capacité (AGC) comme le TER accidenté, selon un courrier de la direction accompagnant le rapport interne publié vendredi sur l'accident des Ardennes.
Guillaume Pepy pointe la responsabilité du transporteur
Selon M. Pepy, "ce rapport nous rassure sur trois points essentiels : le passage à niveau a bien fonctionné. Le conducteur a été très professionnel et a appliqué avec succès les procédures et la réglementation de sécurité. La cabine de conduite a résisté au choc et protégé l'agent de conduite".Le patron de la SNCF précise toutefois se poser "deux questions à titre personnel : que faisait ce transport exceptionnel sur ce passage à niveau alors que la responsabilité du transporteur est de vérifier que son itinéraire peut s'effectuer en toute sécurité ? La signalétique routière était-elle complète et suffisamment dissuasive pour le conducteur qui allait emprunter ce passage à niveau ?".
"L'enquête du Ministère (BEA) apportera les réponses", a-t-il poursuivi en référence à l'enquête du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) diligentée à la demande du secrétaire d'État chargé des transports.
Au-delà des recommandations du rapport interne et suite à "la concertation nationale avec les organisations syndicales vendredi dernier", la SNCF va également "conduire une analyse de risque complémentaire sur l'exploitation TER, que celle-ci soit ou pas avec un conducteur seul", a ajouté M. Pepy.