Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal l’a annoncé hier. Les cinémas, théâtres et musées ne pourront pas rouvrir le 7 janvier en raison de l’épidémie. Des propos qui laissent les professionnels du secteur perplexes. Selon eux, il n’a jamais été question de rouvrir les salles le 7 janvier.
"C’est absolument absurde, je suis stupéfaite" s’exclame Isabelle Gibbal-Hardy, directrice du cinéma Le Grand Action à Paris et vice-présidente de l’Association Française des Cinémas Art et Essai (AFCAE). " La date du 7 janvier n’était pas une date de réouverture des salles de spectacles mais de revoyure" confirme Fabien Houi, propriétaire du cinéma Le Brady à Paris et président des cinémas indépendants parisiens. "Il n’a jamais été dit que les lieux culturels devaient rouvrir le 7 janvier", ajoute-t-il.
"Si le gouvernement a quelque chose à annoncer, il faut l’annoncer de façon très protocolaire et non pas par une phrase lapidaire du porte-parole du gouvernement", dénonce Isabelle Gibbal-Hardy.
Une analyse partagée par Séverine Rocaboy, programmatrice et directrice du cinéma Les Toiles à Saint-Gratien dans le Val-d'Oise et vice-présidente de l'ACRIF, (Association des cinémas de recherche d'Île-de-France). "Je m’interroge beaucoup sur cette communication. Le 7 janvier était une date pour faire le point. Est-ce que c’est un message subliminal pour nous dire que les salles de cinéma ne rouvriront pas avant le mois de mars ou avril ? Je suis très perplexe", affirme-t-elle.
La fermeture des cinémas, théâtres et salles de spectacle porte une atteinte grave aux libertés, notamment à la liberté d’expression, à la liberté de création artistique, à la liberté d’accès aux œuvres culturelles
Le monde de la culture reste donc suspendu à la décision du gouvernement sur la prolongation ou non de la fermeture des lieux de culture prévu le 7 janvier mais se sait fort de l'avis du Conseil d'Etat rendu le 23 décembre dernier. La vice-présidente de l’Association Française des Cinémas Art et Essai se félicite des conclusions de la plus haute autorité administrative pour qui la fermeture des cinémas, théâtres et salles de spectacle porte une atteinte grave aux libertés. Un rendu qui pourrait faire pencher la balance dans le bons sens selon les professionnels du secteur. "D'autant plus que le Conseil d'Etat considère qu’en l’absence d’éradication du virus dans un avenir proche, le maintien d’une interdiction générale et absolue d’ouverture au public des cinémas, théâtres et salles de spectacles, constitue une illégalité manifeste si elle n'est justifiée que par la seule persistance d’un risque de contamination des spectateurs", détaille Isabelle Gibbal-Hardy.
Les salles de spectacles ne sont pas des lieux de contaminations
Franck Desmedt, comédien et directeur du célèbre Théâtre de la Huchette à Paris souhaite que le gouvernement reconnaisse enfin que les salles de spectacles ne sont pas des lieux de contamination. "Les salles de spectacles ont été reconnues comme des lieux de moindre contamination par le Conseil d’Etat. Nous avons mis en place des protocoles sanitaires extrêmement lourds dans nos salles pour accueillir les gens en toute sécurité mais cela le gouvernement n’en as pas tenu compte. C’est incompréhensible. Les arbitrages politiques sont systématiquement en notre défaveur", déplore-t-il. Il ajoute : "Nous allons attendre la date du 7 janvier pour voir ce qu'il va être réellement proposé et si aucun scénario ne privilégie une reprise à court terme il y aura sans doute de nouvelles mobilisations", conclut Franck Desmedt.
Directeurs de théâtre ou de cinémas s'accordent tous sur le fait que, quel que soit la décision du gouvernement, 15 jours seront nécessaires pour remettre en route les salles et les théâtres. "Il faut que les comédiens soient prêts, tout comme les salles. Ensuite on a un temps de préparation commerciale, un temps de communication absolument nécessaire pour promouvoir nos spectacles", explique Jean-Marc Dumontet, producteur et propriétaire de plusieurs théâtres parisiens.
"Il y a une réelle méconnaissance des enjeux, de notre façon de travailler, de ce que veut dire, rouvrir un cinéma ou une salle de théâtre. On ne fait pas une programmation tout seul, on est dépendant du calendrier que nous soumettent les distributeurs de films. Ouvrir une salle de cinéma, ce n’est pas mettre des boîtes de conserve dans des rayonnages", ajoute Séverine Rocaboy qui demande également que soit examiné l'accueil des scolaires dans les salles de cinémas.