Une douzaine d'heures de négociations ont été nécessaires pour parvenir à un accord entre les trois listes de gauche : EELV, PS et LFI-PCF. L'écologiste Julien Bayou devançait Audrey Pulvar et Clémentine Autain au premier tour avec 12,95% des voix.
Les négociations ont été entamées dès les résultats définitifs connus ce dimanche vers 2h du matin. Une douzaine d'heures plus tard, un accord a été trouvé. "Ça y est, nous sommes uni-es avec Audrey Pulvar et Clémentine Autain pour l'écologie et la solidarité en Ile-de-France!", a déclaré Julien Bayou sur Twitter ce lundi en début d'après-midi. L'accord doit être présenté à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en fin d'après-midi par les trois candidats lors d'un déplacement commun.
L'occasion pour Julien Bayou de se présenter pour la première fois en meneur de troupes après avoir remporté, avec 12,95% des voix, un premier tour en forme de primaire. Il s'est placé devant Audrey Pulvar (11,07%), soutenue par le PS, et Clémentine Autain (10,24%), candidate de LFI et du PCF.
Accord sur le programme
L'accord n'allait pas forcément de soi. Clémentine Autain s'était clairement positionnée pour une fusion des listes derrière le candidat de la gauche qui se placerait en tête. Mme Pulvar avait, elle, regretté qu'une candidature unique dès le 1er tour n'ait vu le jour. Mais dès l'annonce des résultats dimanche soir, elle s'était prononcée pour une union derrière l'écologiste, Julien Bayou.
Si les convergences sont réelles entre les programmes des trois candidats, certains points majeurs restaient à discuter. Il en est de la proposition phare d'Audrey Pulvar : la gratuité totale des transports en commun, menée de façon progressive. Une proposition non "négociable", alors que Julien Bayou y était opposé, estimant qu'on ne pouvait mener de front "la rénovation et la gratuité".
Selon Céline Malaisé (PCF), présente aux négociations pour Mme Autain, l'accord prévoit la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans, ce que promettait Mme Autain, sans calendrier mais avec "l'objectif d'essayer d'élargir le plus possible la tarification sociale".
Toujours dans les transports, les trois candidats ont pris position sur le "refus de l'ouverture à la concurrence", selon l'élue communiste. Un motif de satisfaction pour Mme Autain qui défendait fermement cette mesure.
Autre enjeu des régionales : la lutte contre le projet de gare du Triangle de Gonesse (Val-d'Oise). Julien Bayou et Clémentine Autain y étaient opposés quand Audrey Pulvar était restée plus en retrait. Selon Mme Malaisé, l'accord de fusion prévoit de "préserver les terres agricoles" de Gonesse et Saclay (Essonne), autre projet d'urbanisation contesté par les écologistes.
Enfin, alors que Julien Bayou voulait transformer Le Bourget en un "gigantesque parc", les trois candidats ont également acté une stratégie à "long terme" de "reconversion des filières aéronautique et automobile" pour l'aéroport d'affaires, afin de "préserver les emplois et penser les emplois de demain", a indiqué Mme Malaisé.
Une réelle chance de remporter la région ?
Les derniers sondages donnaient Valérie Pécresse largement gagnante au second tour, en cas de triangulaire ou de quadrangulaire.
Mais les scores obtenus en cumulant les trois listes : 34,26% des voix au premier tour, leur permet d'espérer de fortement concurrencer Mme Pécresse qui a obtenu 35,94% des voix. Sur franceinfo, M. Bayou, a estimé qu'"il y a une chance immense" de battre la sortante.
Après la promulgation des résultats dimanche soir, cette dernière a d'ailleurs fustigé la "coalition d'une gauche radicale qui inclut l'extrême gauche de M. Mélenchon" tout en cherchant à grappiller les voix du candidat RN Jordan Bardella (13,12%) et de celui LREM, Laurent Saint-Martin (11,76%) : "S'abstenir ou disperser les voix, en votant RN, ou même en votant LREM, c'est faire élire cette gauche extrême", a-t-elle dit.
En maintenant sa candidature, Laurent Saint-Martin empêche un report des voix de son électorat vers le camp de Valérie Pécresse. Mais les inconnues du scrutin sont telles qu'il est bien difficile de savoir s'il y aura un sursaut de participation lors du second tour et si les électeurs suivront les consignes des candidats qu'ils soutiennent.