Alors que l’abonnement mensuel au Navigo a déjà augmenté de 12% en 2023, Jacques Baudrier, administrateur PCF d’IDFM, craint une nouvelle forte hausse des tarifs. L’autorité organisatrice des transports franciliens alerte aussi sur "l’urgence" de la situation.

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Va-t-on vers une nouvelle "augmentation massive" du Navigo ? Sur Twitter Jacques Baudrier, adjoint à la Ville de Paris et membre du conseil d’Île-de-France Mobilités (IDFM), accuse Emmanuel Macron de "préparer un passe Navigo à 120 euros".

"L'Etat vient de sortir un rapport qui n'est rien d'autre qu'un brûlot. Il propose d'apporter presque aucun financement nouveau à IDFM. La conséquence immédiate d'une telle décision serait un passe Navigo en 2024 à 120 euros", pointe du doigt l’élu communiste.

Alors que Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports, a saisi l'Inspection générale des finances (IGF) et l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) en janvier pour trouver "une trajectoire de financement pérenne" pour IDFM, le rapport de l’administration estime que l’autorité francilienne aurait besoin d'"autour de 500 millions d'euros à court terme et de l'ordre de 1,5 milliard d'euros à horizon 2031", selon l’AFP.

Jacques Baudrier pointe du doigt "la grande responsabilité" de Valérie Pécresse

Contacté, Jacques Baudrier accuse notamment l'Etat de "refuser toute augmentation" du versement mobilités, une taxe payée par les entreprises de plus de 11 salariés qui représente plus de la moitié des recettes d’IDFM - le reste reposant sur les tarifs (payés par les usagers) et les collectivités.

Jacques Baudrier souligne "la grande responsabilité de Valérie Pécresse dans cette situation catastrophique". "Depuis son arrivée à la tête de la Région, elle a refusé de demander de l’argent à l’Etat par idéologie, malgré tout un tas de projets à financer. Elle a continué à faire des investissements normaux, en achetant des trains payés à crédit, et elle a fait exploser la dette, qui est passée d’1 milliard en 2015 à 12 milliards cette année", affirme l’élu.

"Elle a voulu tout miser sur la mise en concurrence et la baisse des salaires des chauffeurs de bus et des conducteurs de métro. Exploiter les salariés, ça permet de gagner de l’argent, mais pas tant que ça. Et les gens démissionnent, avec des perturbations monstrueuses sur le réseau. On est dans une spirale de sous-financement", déplore l’administrateur d’IDFM.

"Depuis, Valérie Pécresse a accepté de demander de l’argent à l’Etat, 800 millions par an, mais ce n’est pas assez. Nous, on estime qu’il faudrait désormais au moins 1,1 milliard d’euros par an de recettes nouvelles de la part de l’Etat pour que le navire ne coule pas. L’Etat, lui, sous-estime ce besoin à 500 millions, et propose seulement d’apporter 100 ou 200 millions d’euros par an, en faisant reposer le reste notamment sur les usagers", souligne-t-il.

"Sans hausse du versement mobilité, pas d'exploitation possible des nouvelles lignes"

De son côté, IDFM juge dans un communiqué que le rapport de l’administration "minore les besoins de financement liés à l’ouverture des lignes du Grand Paris Express dès 2024". L’autorité, qui estime ces besoins à "800 millions d’euros en 2024" et "2,7 milliards d’euros en 2031", menace de ne pas ouvrir les nouvelles lignes prévues pour les Jeux olympiques.

IDFM rappelle également "qu’elle souhaite une autonomie fiscale, c’est-à-dire la possibilité de fixer elle-même le taux de versement mobilité des entreprises, ou à défaut, que ce taux soit déplafonné par le Parlement". Pour l'autorité, sans hausse du versement mobilité, il n'y aura "pas d'équilibre d'exploitation possible des nouvelles lignes".

Jacques Baudrier, lui, propose d’augmenter le versement mobilité en ciblant les territoires où l’on trouve les entreprises les plus riches. "Il ne s’agit pas d’augmenter les charges du plombier de Bobigny. Il faut faire payer les plus riches, en augmentant le taux dans le centre et l'ouest de Paris, et à La Défense. Les entreprises de ces coins favorisés peuvent payer", estime l’élu.

L'inquiétude des associations d'usagers

A l’issue d’un bras de fer entre la Région et l’Etat fin 2022, l’abonnement mensuel au passe Navigo a déjà augmenté de 12% début 2023, en passant de 75,20 à 84,10 euros. Cette forte augmentation des tarifs avait alors provoqué la colère des associations d’usagers.

Marc Pélissier, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) Île-de-France appelle aujourd'hui à "éviter de nouvelles fortes augmentations des tarifs, ce que le rapport de l'administration a l’air de préconiser". "Ça nous inquiète, explique-t-il. On comprend que les usagers puissent participer avec des hausses des tarifs si elles sont raisonnables, de 2 à 3%, et si ça s'accompagne d’améliorations concrètes sur le réseau. Et il faut mettre à contribution tous les financeurs."

"Le tarif doit rester attractif, ajoute-t-il. Il y a l’enjeu climatique. Sur les trajets relativement courts, certains peuvent se poser la question de reprendre leur voiture. Et si les prix augmentent trop, on risque de perdre des usagers et donc des recettes, ça serait contre productif." Jacques Baudrier, lui, redoute "une aberration écologique", "une flambée de la colère" et "le risque de fraudes massives".

Dans son communiqué, IDFM dit de son côté "refuser absolument des scénarios reposant sur des hausses abracadabrantesques des tarifs proposés par la mission qui seraient socialement insupportables pour les habitants et écologiquement nuisibles".

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