Cette semaine, "Rue des Archives" nous emmène sur les autoroutes d'Île-de-France. Vers la Normandie, le Sud, le Nord... En région parisienne, le réseau s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres. Des routes à grande vitesse qui se paient.
A la fin des années 30, les premières autoroutes font entrer la France dans l'ère de l'automobile à grande vitesse. Des chaussées dédiées, des infrastructures garantissant une plus grande sécurité... Voilà tout l'intérêt de ce nouveau type de routes, dont la construction va s'intensifier après la Seconde Guerre mondiale. La loi du 18 avril 1955 portant statut des autoroutes faisant office d'accélérateur.
Des autoroutes construites par l'Etat, on passe aux autoroutes sous concession. Le principe : une société d'économie mixte s'engage à construire une autoroute, et se rémunère sous la forme d'une redevance à payer par l'usager. Ce n'est donc plus le contribuable qui finance la construction et l'entretien de l'autoroute.
Contribuable ou usager... "De toute façon, il n'y a pas de gratuité dans les transports", rappelle Mathieu Flonneau, professeur d'histoire à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, auteur de L'Automobile au temps des Trente Glorieuses (ed. Loubatières, 2016). Qu'elle soit construite par l'Etat ou par un concessionnaire, "l'autoroute a représenté une modernisation, une recherche de décongestionnement des agglomérations, un lien entre les territoires", poursuit ce spécialiste des mobilités.
Vers l'Ouest, le Sud, le Nord... C'est en étoile que le réseau autoroutier s'est, au départ, développé depuis la capitale. A ce jour, le réseau autoroutier français s'étend sur plus de 12 000 km, dont 9 000 km concédés à des sociétés privées. Les sociétés d'économie mixte d'autrefois ayant été entièrement privatisées en 2006.
Vitesse et sécurité
Réservées à la seule circulation automobile, les voies d'autoroutes permettent une circulation à grande vitesse. "Les limitations de vitesse sont concomitantes d'une politique de sécurité routière", explique Mathieu Flonneau. "Les autoroutes sont un lieu de sécurisation accrue."
"Il ne faut pas avoir cette illusion d'optique qui laisserait entendre que la vitesse est nécessairement créatrice d'accidents."
Mathieu Flonneau, professeur d'histoire (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)"Rue des Archives" - 3 février 2023
Pour ce spécialiste de l'automobilisme, "les limitations de vitesse sont un élément fondamental d'une politique globale de santé publique". 130 km/h, 110 km/h... Des ralentissements également justifiés aujourd'hui par des raisons énergétiques.
"Signal", "Flèches des cathédrales"... L'art sur le bas-côté
C’est une autre facette de l’autoroute : les œuvres d'art géantes placées en bordure des autoroutes. On les doit au "1% artistique". Cette obligation faite à tout commanditaire d'un ouvrage public de consacrer une partie du budget de construction à un projet culturel. C'est ainsi que surgirent sur le bas-côté des sculptures comme "Signal" de François Stahly (le long de l'A6) ou "Les Flèches des cathédrales" (sur l'A10) de Georges Saulterre.
Un art à part auquel le photographe Julien Lelièvre a consacré d'ailleurs un ouvrage, "Art d'autoroute" (Building Books). Des œuvres XXL, comme autant de balises sur la route des vacances.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #17 consacré aux autoroutes d'Île-de-France