"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de l'audiovisuel. Cette semaine, on s'intéresse au contenu de notre porte-monnaie : pièces et billets de banque, chèques et cartes bancaires... Les formes de la monnaie ont considérablement évolué avec le temps. Jusqu'à la dématérialisation ?
Un simple regard dans un portefeuille suffit à voir la richesse des formes prises par la monnaie aujourd'hui : quelques pièces, voire un billet, une carte bancaire, un chèque à encaisser... Et pas loin, peut-être, un smartphone disposant d'une application de paiement sans contact. Autant de supports monétaires, propices à la circulation des biens, de la baguette de pain aux plus gros contrats commerciaux.
"La demande en billets et en pièces ne faiblit pas", explique Julien Lasalle, directeur-adjoint des études et de la surveillance des paiements, à la Banque de France. "Une croissance, d'environ 8% par an, tirée par la fonction transactionnelle, la thésaurisation et la demande hors zone euro."
Le chèque, une particularité bien française
Autre moyen de paiement, "les chèques français représentent à peu près 85% de l'ensemble des chèques émis dans l'Union européenne", précise Julien Lasalle. Seuls les Etats-Unis sont en mesure de rivaliser avec la France. Pour cet expert, l'attrait pour le chèque tient au fait qu'il est "gratuit", "simple d'utilisation" : "il suffit de connaître le nom du bénéficiaire pour pouvoir remettre un chèque à quelqu'un".
Mais le chèque a perdu de sa superbe. Moyen de paiement numéro 1 au début des années 2000, le chèque est en recul constant "depuis 20 ans", concurrencé par les moyens électroniques, cartes, virements et prélèvements bancaires. La tentative de le rajeunir et de le sécuriser - comme celle du CIC, en 1977, avec la création de chèques-photos - n'aura manifestement rien donné.
La télématique bancaire
C'est sans doute une évidence aujourd'hui, mais pas dans les années 70. Les premiers distributeurs de billets font leur apparition dans les rues. Un reportage de l'ORTF se propose, en 1971, d'expliquer le fonctionnement de la "banque automatique" : "Cette caisse fonctionne à l'aide d'une carte en matière plastique, valable un an. Elle porte votre nom et votre numéro de compte en banque."
Il s'agit alors d'une carte de crédit. En 1985, Antenne 2 présente la carte à puce, une "merveille technologique" permettant un débit instantané du compte du titulaire. Il faut désormais parler de carte de débit. C'est une tendance de fond : la monnaie se dématérialise, grâce aux évolutions technologiques.
Vers un euro numérique
Mais les espèces sonnantes et trébuchantes pourraient-elles évoluer vers une forme purement virtuelle. Se pose la question de l'euro numérique, un chantier lancé en 2021 par la Banque centrale européenne (lien en anglais).
"L'euro numérique est pour l'instant un concept : comment on peut mettre dans l'espace numérique l'équivalent du billet", explique Julien Lasalle.
"Un moyen de paiement simple, accessible, qui préserve une part d'anonymat pour les utilisateurs, et qui représente une part de monnaie publique."
Julien Lasalle, directeur-adjoint des études et de la surveillance des paiements (Banque de France)"Rue des Archives", le 14 avril 2023
Car ce serait bel et bien de la monnaie de banque centrale, émise par la Banque centrale européenne. Loin des "cryptomonnaies", et autres solutions de paiement non-réglementées, l'euro numérique ne sera toutefois pas pour demain. Peut-être pour après-demain.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #25 consacré à la monnaie.