Quelques jours après les attaques du Hamas en Israël, l’université Paris-Panthéon-Assas a annoncé la suspension "à titre conservatoire et temporaire" d’un maître de conférences pour "des propos indécents, dont certains à connotation antisémite".
L’université Panthéon-Assas dit "condamner fermement et sans réserve" des "propos indécents, dont certains à connotation antisémite, prononcés hier 9 octobre 2023 par un maître de conférences pendant son cours de droit constitutionnel". "Des étudiants présents dans la salle ont légitimement été heurtés par les propos tenus", indique l’établissement dans un communiqué.
"Après enquête et consultations, l’enseignant concerné a été suspendu à titre conservatoire et temporaire, dans l’intérêt du service", et "la section disciplinaire de l’université a par ailleurs été saisie", annonce l’établissement.
"La lutte contre le racisme et l’antisémitisme demeure une priorité pour l’université, qui ne peut tolérer que des propos discriminatoires, violents ou à connotation raciste ou antisémite, qui sortent du cadre de l’entière liberté d’expression dont jouissent les enseignants-chercheurs, ne soient tenus à l’intérieur de ses murs", souligne aussi l’établissement.
Parmi les propos en question, relayés sur les réseaux sociaux notamment par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et confirmés par l'université à l’AFP, figurent : "Si vous arrivez à nouveau en retard, je vous fais comme à la rave" et "il vous faut des tirs de roquettes ou de kalachnikov pour vous réveiller ce matin". 250 personnes ont été tuées lors d'une rave party organisée dans le désert israélien dans le cadre de l'offensive du Hamas, selon les autorités locales.
Lundi soir, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, avait appelé dans un courrier les responsables d'établissements à "prendre toutes les mesures nécessaires" pour "veiller au respect de la loi et des principes républicains", évoquant des "dérives". "L’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou à la violence doivent être sanctionnées", avait écrit la ministre sur X (ex-Twitter), dénonçant "des propos d’une particulière indécence".
Un "rappel à la loi" à l'EHESS
A l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), la section syndicale Solidaires étudiants a publié dimanche sur X un communiqué apportant son "soutien indéfectible à la lutte du peuple palestinien dans toutes ses modalités et formes de lutte, y compris la lutte armée".
Le président de l’établissement, Romain Huret, a réagi dans un communiqué. "Les dramatiques évènements du week-end au Proche-Orient ont provoqué une profonde émotion. Si la présidence de l’EHESS autorise les différents points de vue à s’exprimer, elle dénonce tout appel à la violence, toute apologie du terrorisme et toute forme de xénophobie", écrit-il.
"Les prises de parole individuelles ou collectives n'engagent pas l'institution. L'EHESS, lieu du débat par excellence, a toujours cherché à interpréter les faits à l’aune des sciences sociales. À un moment où l’échange et l'apaisement sont particulièrement nécessaires, nous devons collectivement conserver cette exigence de dialogue et de réflexion à la fois éthique et scientifique", ajoute Romain Huret.
"Les termes de la section syndicale m'ont choqués. Un rappel à la loi a été fait auprès du syndicat étudiant, ainsi qu'un signalement à Pharos", plateforme dédiée aux signalements de contenus violents ou illicites circulant sur en ligne, a précise à l'AFP le président de l’EHESS.