A moins de trois mois des municipales, les candidates à la mairie de Paris Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) lancent lundi la campagne de leurs championnes respectives dans le Ve arrondissement, fief de Jean Tiberi, où la droite n'a jamais semblé aussi menacée.
En fin d'après-midi les deux candidates seront présentes à quelques rues de distance, entre Panthéon et faculté de Jussieu, pour inaugurer des locaux de campagne: la première de Marie-Christine Lemardeley, la présidente d'université portera les couleurs du PS, la seconde de Florence Berthout (UMP), directrice générale de l'établissement public de La Villette est déjà élue d'opposition au Conseil de Paris.
Pour le Ve, Anne Hidalgo a soigné son casting en obtenant le retrait de Mme Cohen-Solal (qui sera 3e de liste) au profit de Mme Lemardeley, présidente de Sorbonne Nouvelle-Paris 3 depuis 2008, seule non encartée parmi les 20 têtes de liste du PS. "J'ai vraiment envie de devenir maire d'arrondissement, faire en sorte que toute la richesse intellectuelle (du Ve) profite aux habitants", disait à l'AFP cette universitaire de 60 ans, lors d'une rencontre fin octobre
En face, Florence Berthout, 51 ans, est davantage rompue aux us de la politique mais revendique aussi un profil "atypique", avec un parcours qui l'a menée de la banque à la communication et au monde culturel, en passant par les cabinets ministériels de Copé et Villepin dans les années 2000. Point commun avec Mme Lemardeley, elle participe de la stratégie de "renouvellement" brandie dans les deux camps. Et Mme Berthout relativise l'obstacle Tiberi. "Très franchement l'idée n'est pas de se positionner par rapport à Dominique Tiberi mais d'avoir une démonstration d'unité aussi et surtout par rapport à la gauche", assure-t-elle à l'AFP, en vantant l'union avec les centristes et la présence d'un MoDem en numéro 2 sur sa liste.
Même si ses 60.000 habitants ne représentent que 3% de la population parisienne, "pour nous c'est vraiment l'arrondissement de conquête", affirme Rémi Féraud, codirecteur de la campagne de Mme Hidalgo. Au second tour des municipales de 2008, la candidate PS d'alors, Lyne Cohen-Solal, avait manqué la victoire de quelque 200 voix seulement. A la présidentielle, le 6 mai 2012, François Hollande a enregistré dans le Ve un score supérieur à sa moyenne parisienne (56,2% contre 55,6%).
Actuellement UMP et UDI occupent 63 des 163 sièges du Conseil de Paris. Pour combler son retard de 19 sièges et atteindre la majorité absolue de 82, la droite - qui gère aujourd'hui huit des 20 arrondissements - doit en gagner au moins trois autres, dont deux grands comme les XIIe et XIVe (qui ensemble peuvent générer un gain net d'une douzaine de conseillers) et préserver ses positions partout ailleurs.