La Pitié-Salpêtrière a une longue et riche histoire remontant au XVIIe siècle. Cette « ville dans la ville » de 31 hectares a été créée à l'origine pour enfermer les femmes indigentes avant de devenir un hôpital renommé. Retour sur cette histoire mouvementée...
Pourquoi ce nom ?
« Au début du XVIIe siècle, sous Louis XIII, est créé un arsenal où on fabrique de la poudre à canon avec du salpêtre » explique Frédéric Gersal. Le salpêtre, c’est l’autre nom du nitrate de potassium. Un composé minéral qui se forme sur les murs grâce aux remontées d’humidité. C’est aussi l’un des trois composants essentiels de la poudre à canon (avec le soufre et le charbon de bois). Puis en 1612, la régente Marie de Médicis fait construire sur l’emplacement de l’arsenal l’hospice Notre Dame de la Pitié.
Pourquoi ce lieu a t’il été créé ?
« On appelle ça hôpital général à l'époque, mais c’est un lieu d’internement pour les femmes pauvres, les mendiantes, et les indigents en général. C’est un lieu de détention et de rétention où on faisait passer aux détenus beaucoup de temps en prière ». C’est d’ailleurs dans ce but que la construction d’une église est décidée en 1669 par Louis XIV, le roi soleil. L’église Saint-Louis a été dessinée par Louis Le Vau, l’architecte de Versailles. Jusqu’à la veille de la Révolution, la Salpêtrière n’a eu aucune fonction médicale. Les malades étaient accueillis à l’Hôpital Dieu pour être soignés.
Pourquoi y a-t-il une « rue des archers » ?
Le vaste territoire (31 hectares) occupé par la Pitié-Salpêtrière compte plusieurs rues dont celle des archers. « Ils étaient appelés : les archers de l’hôpital général. C’était la force policière de l’époque, sous l’autorité du roi. Ils devaient maintenir l’ordre dans l’emprise de l’hôpital général mais aussi aller chercher les infirmes et indigents dans tout Paris pour les arrêter et les emmener ici » raconte Frédérick Gersal.
C’était quoi le « bal des folles » ?
A la fin du XIXe siècle, le célèbre professeur Charcot organisait des bals mêlant les femmes « hystériques » qu’il soignait, à la bourgeoisie parisienne. « Ce n'est pas le service de Charcot qui a inventé ce bal. C'était une vieille tradition dans les hôpitaux. En revanche, ce bal redevient tendance avec le professeur Charcot, qui était un personnage très populaire à Paris » dit Aude Fauvel, chercheuse spécialiste de l'histoire de la médecine à l'université de Lausanne. Mais ces soirées mondaines donnaient aussi lieu à des scènes de violence. Dans son film « le bal des folles », Mélanie Laurent montre plusieurs hommes agressant sexuellement des femmes internées lors d’un de ces bals.
Aude Fauvel précise: « Ce que je reproche au film, c'est que Charcot passe pour un être abject alors qu'il a essayé à l'époque de faire mieux que ses collègues. Bien sûr, il restait un homme de son temps, mais il a vraiment voulu humaniser les patientes. Il a aussi assisté aux thèses des premières femmes médecins ».
Aujourd'hui, la Pitié-Salpêtrière est un centre hospitalier universitaire de premier plan en France, avec des spécialités en neurologie, en psychiatrie, en gynécologie, en cancérologie et en médecine générale. L'hôpital est également un centre de recherche majeur dans de nombreux domaines médicaux, travaillant à la découverte de nouveaux traitements pour les maladies et à l'amélioration de la qualité des soins pour les patients.
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