Huit personnes comparaissent à partir d'aujourd'hui au tribunal de Bobigny pour leur rôle dans l'organisation d'une activité de prostitution au sein d'une vaste maison close à Saint-Ouen. Des travailleuses du sexe y travaillaient depuis des années, l'une d'elles à accepter de témoigner.
Chiomara est une ancienne habitante d'un petit appartement de la Villa Biron, une immense maison qui abrite, depuis plusieurs années, des travailleuses du sexe : "Ici, on vit quasi comme une famille. Comme on est trans, loin de nos proches, nous sommes tout les unes pour les autres".
Il y a un an, Chiomara a pu déménager mais elle considère encore la Villa Biron comme sa maison. Le propriétaire de l'immeuble et sept autres prévenus sont jugés à partir de ce lundi, notamment pour proxénétisme.
L'endroit est un haut lieu de la prostitution transgenre. Une trentaine de personnes y vivent toujours et travaillent soit au bois de Boulogne soit sur place : "Des clients, ici il y en a tous les jours, 24/24h, certaines travaillent la nuit et se reposent le jour, d'autres travaillent le jour et dorment la nuit. S'il y en a un qui se comporte mal, on se défend les unes et les autres", explique Chiomara.
"Nous sommes des prostitués, louer un appartement normal, c'est très difficile"
Venue du Pérou en 2011 pour fuir les discriminations liées à sa transition de genre, Chiomara a arrêté de se prostituer. Si sa vie n'est pas rose, elle assure pourtant ne jamais avoir été victime de traite d'être humain à la Villa Biron et s'inquiète pour le sort des autres habitantes à l'issue du procès : "J'ai passé quasiment 10 ans de ma vie ici avec toutes les filles. Quand je pense que tout va s'arrêter, sans savoir où vont aller mes amies et avec qui [...]. Nous sommes des travailleuses du sexe, des prostitués, louer un appartement normal, c'est très difficile".
Dans le quartier, autour des puces de Saint-Ouen, tout le monde connaît cette adresse et personne n'ignore ce qu'il s'y passe.