La famille d'un homme dont le décès avait été constaté dans un commissariat parisien après son interpellation dans un bar en mars dénonce "le mur du silence" que lui opposerait la justice, saisie de l'enquête.
"Aujourd'hui, sept mois après la mort d'Amadou, il n'y a aucun juge. On se heurte à un mur du silence depuis sept mois. On n'est tenu au courant de rien", a dénoncé auprès de l'AFP la compagne d'Amadou Koumé, Jessica Lefevre. Dans la nuit du 5 au 6 mars 2015, cet intérimaire en restauration de 33 ans, père de trois enfants, est interpellé dans un bar proche de la gare du Nord où vient de se tenir un concert. Les policiers avaient été appelés par le personnel du bar en raison de son comportement agité.
Son décès a été constaté dans la nuit au commissariat du Xe arrondissement où il avait été conduit, après son arrestation. Ses proches, qui veulent savoir ce qu'il s'est passé entre l'arrestation d'Amadou Koumé et la constatation de son décès, appellent à un défilé samedi entre la gare du Nord et le commissariat.
Selon une source proche du dossier, l'autopsie a conclu à un "décès par oedème pulmonaire survenu dans un contexte d'asphyxie et de traumatisme facial et cervical". Les analyses toxicologiques ont également montré la trace de cocaïne dans l'organisme. Le résultat d'analyses plus poussées est attendu. Elles ont été réclamées dans le cadre d'une enquête préliminaire, confiée par le parquet de Paris à la "police des polices" (IGPN).
Mais la famille réclame la nomination de juges d'instruction et, pour l'obtenir, a déposé en juillet une plainte avec constitution de partie civile pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et non assistance à personne en danger.
Mediapart et Libération ont révélé en septembre le témoignage, réalisé sur attestation, d'un client, présent le soir des faits, qui décrit une interpellation qui dégénère quand Amadou Koumé "semble pris d'un accès de paranoïa" à la vue de l'arme d'un des policiers.
Selon l'attestation de ce témoin consultée par l'AFP, Amadou Koumé ne porte pas de coups et ne montre pas "d'agressivité physique envers les policiers". Quand ceux-ci le plaquent au sol pour le menotter, Amadou Koumé se serait débattu avant qu'un fonctionnaire ne l'étrangle pour le maîtriser. "On sentait qu'il n'arrivait pas à reprendre son souffle", selon ce témoin qui raconte avoir vu Amadou Koumé quitter le bar en marchant, encadré par les policiers. Selon une source proche du dossier, ce client a été entendu par l'IGPN en début d'enquête.