Des juges d'instruction ont ordonné le renvoi aux assises de cette femme soupçonnée d'avoir volontairement déclenché un incendie qui avait fait dix morts et des dizaines de blessés dans un immeuble rue Erlanger à Paris en février 2019.
Malgré ses troubles psychiatriques, la suspecte, Essia B., est responsable pénalement des faits et doit être jugée pour "destruction par incendie ayant entraîné la mort (...) et des blessures", ont considéré les magistrats dans leur ordonnance de mise en accusation datée de ce mardi.
La suspecte, Essia B. devra répondre de la mort de dix personnes dans cet immeuble de huit étages qui a pris feu il y a trois ans.
Dans la nuit du 4 au 5 février 2019, un voisin avait appelé la police juste après minuit pour se plaindre du bruit causé par Essia B., habitante de l'immeuble, situé rue Erlanger dans le XVIe arrondissement.
Cet homme, par ailleurs pompier, l'avait ensuite recroisée dans le hall après le départ des forces de l'ordre. Elle lui avait alors lancé: "Regarde-moi droit dans les yeux. Toi qui aimes les flammes, ça va te faire tout drôle quand ça va exploser", selon le récit du voisin aux enquêteurs.
Une "personnalité borderline"
Puis peu après 0h30, les pompiers avaient été alertés par une autre habitante d'un départ de feu dans l'immeuble. Au même moment, la suspecte avait été arrêtée en état d'ébriété alors qu'elle tentait de mettre le feu à une voiture dans une rue voisine.
Cette femme, aujourd'hui âgée de 43 ans, était sortie d'un séjour de deux semaines en hôpital psychiatrique, le treizième en dix ans, quelques jours avant le drame.
Au cours de l'instruction, plusieurs expertises se sont succédées pour déterminer si elle pouvait être considérée comme responsable pénalement des faits ou si ses troubles avaient aboli son discernement.
Discernement "altéré", et non "aboli"
Concernant les faits, "tous les experts ont exclu un comportement induit par des hallucinations ou une activité délirante", mais ont considéré qu'ils peuvent être "rattachés à l'impulsivité, à l'intolérance aux frustrations et à l'effet de l'alcool consommé par Essia B.".
Les experts, qui ont souligné la "personnalité borderline" de la mise en cause, estiment que ses troubles ont "altéré", et non aboli, son discernement, et permettent donc son jugement.