Après 10 ans de stabilité à Paris, les premières factures d'eau de 2023 affichent une hausse du prix de 7,3%. Conséquence de la hausse des coûts de l’énergie et des réactifs, les produits chimiques pour traiter l’eau.
À Paris, les premières factures d’eau qui arrivent dans les boîtes aux lettres intègrent l’augmentation du prix du m3. Encore une hausse après le gaz et l’électricité. À 3,84 euros du m3, l’eau de Paris, reste pourtant la moins chère de la métropole du Grand Paris, mais elle n'échappe pas à l'inflation en répercutant la hausse des prix de l'énergie.
« Nos factures énergétiques ont augmenté de 60 % », justifie Dan Lert, adjoint à la Maire de Paris, en charge de la transition écologique du plan climat, de l’eau et de l’énergie.
La hausse de l’énergie et du traitement de l'eau
« Nos usines, même si elles ont progressé, consomment encore beaucoup d’énergie, pour traiter l’eau qui provient à 50 % de la Seine et de la Marne, et à 50 % des nappes phréatiques en dehors de Paris. Du coup, la production d’eau potable, composante du prix global est en hausse de 4 % », poursuit-il.
Le prix de 3,84 euros du m3 comprend le traitement de l’eau, dans les usines. « Les produits utilisés, les réactifs, comme le charbon actif ou le chlore ont pris 12% cette année », argumente l’élu parisien.
Au fil des années, le poste traitement de l’eau a explosé. À Paris, il a doublé en 13 ans. Il représentait un tiers de la facture quand la Ville a repris la main de la gestion de l’eau, confiée aux opérateurs privés, en 1984 par Jacques Chirac. Aujourd’hui, traiter l’eau, c’est 50 % du tarif. « Pour limiter les pesticides dans l’eau, nous avons développé un programme avec les agriculteurs. De la prévention qui a pour objectif de baisser la facture des produits réactifs », nous apprend encore Dan Lert.
À Paris, entretenir le réseau d’eau potable ses 470 km d’aqueduc, 2000 km de canalisations est aussi un poste budgétaire important.
"La plus forte augmentation : +45 cts"
Autre acteur de la distribution de l’eau, avec 133 communes, le Syndicat des eaux d'Île-de-France. Au premier janvier 2023, lui aussi a augmenté ses tarifs d’eau : plus de 10 %. « De 4,35 euros à 4,81 euros le m3, c’est la plus forte augmentation que nous avons connue », confesse le Sedif, syndicat des eaux d'Île-de-France France.
Plus 10% d’augmentation, pour les 4 millions de clients du syndicat des eaux d'Île-de-France, c’est une flambée liée à l’augmentation des produits de traitements, mais aussi à une politique d’investissement plus importante.
Des traitements à la pointe
En effet le syndicat des eaux va investir 2,5 milliards d’euros sur 10 ans. Un nouveau plan pluriannuel pour s'engager vers de nouvelles filières de traitement, avec des technologies plus fines, plus adaptées. Dans les usines, ce sera par exemple l’utilisation de membranes haute performance. « Cela nous permettra de retenir un maximum de micros polluants, de pesticides. Pour une eau plus sécurisée, plus pure. Grâce à cette nouvelle technique, l’eau ne devra plus contenir de perturbateurs endocriniens, de résidus de médicaments. Et ses investissements représentent des sommes importantes », souligne le syndicat des eaux d'Île-de-France.
Autre défi des acteurs de la distribution de l’eau : limiter les fuites qui coûtent cher dans nos zones urbanisées. Des gouttes d’eaux qui font aussi déborder les factures.