Depuis le 1er janvier, les propriétaires ne peuvent plus louer des biens classés G ou F et considérés comme des passoires thermiques. Selon les professionnels du secteur, 600 000 logements pourraient être retirés du marché de la location en France. Paris et sa région sont particulièrement concernés.
Paris est la ville où il y a le plus de passoires thermiques, c’est-à-dire des logements classés en F ou en G. Avec l'application de cette loi, le marché de la location en Île-de-France risque bien d'être encore plus tendu qu'il ne l'est déjà.
"Le parc locatif souffrait déjà, les locataires ont du mal à se loger. Désormais, ce sont 600 000 logements qui sortent du parc. C'est une véritable catastrophe, pourtant annoncée il y a déjà plusieurs mois", regrette Sylvain Grataloup, président de l'UNPI - 35 millions de propriétaires.
L'Île-de-France très concernée par les passoires énergétiques
Selon le rapport annuel des Notaires de France, consulté par l'AFP, au troisième trimestre de 2024, 13% des ventes de logements anciens étaient des habitations énergivores, classées F ou G au diagnostic de performance énergétique.
Un chiffre plus élevé en Île-de-France qui concentre particulièrement ce type de logements. La région comptait 2,3 millions de résidences principales "avec un diagnostic de performance énergétique (DPE) classé E, F ou G, soit 45 % du parc francilien de résidences principales", rapporte l'INSEE dans un rapport paru en 2022.
Selon ce document, "dans le parc locatif privé, le nombre de résidences principales dites 'énergivores' s’élève à 745 000, soit 55 % de ce parc. Moins touché par le phénomène en raison de son ancienneté moindre, le parc locatif social compte en son sein 29 % d’étiquettes E, F ou G, soit 354 000 logements".
Biens retirés du marché
Que vont faire les locataires ? Si leur logement est considéré comme une passoire thermique, ils peuvent désormais imposer leur propriétaire à effectuer des travaux et lui faire payer un logement en attendant de pouvoir retrouver leur appartement.
Les propriétaires réagissent. Selon Sylvain Grataloup, président de l'UNPI qui cite un sondage interne à l'organisation, "50% d'entre eux procéderont à cette rénovation. L'autre moitié ne le fera pas. Parmi eux, 45% vont laisser le bien vacant, les autres vont vendre".
Au cœur de ses protestations, la façon dont est calculé le chauffage dans l'actuel DPE. En pénalisant moins les logements qui recourent à l'électricité, "la majorité des logements monteraient en D", argue-t-il.
Anne-Cécile Dockes, directrice de l'association L'ACLEF qui aide des étudiants à se loger en région parisienne, prévoit aussi une forte augmentation des candidatures lors de la rentrée prochaine.
Mais pour elle, "la sortie du G était essentielle même si cela va tendre encore plus le marché à Paris".
Son association ne loue aucun logement en G ou F, pour éviter que les étudiants ne paient autant en charges qu'en loyer.
Et avant que les jeunes occupants quittent leur cocon francilien, ils ont droit à un cours : "on sensibilise nos locataires à la lecture des DPE et aux dépenses que cela peut entraîner", ajoute Anne-Cécile Dockes.