Pourrait-on se passer d'internet ? Arrivée il y a seulement un peu plus de 20 ans dans nos vies, cette invention est désormais au centre de toute notre attention. Un monde hyperconnecté où l'on peut tout faire tout seul et qui a ouvert la voie à ce que l'on appelle aujourd'hui le "néo-narcissisme". Un mode de vie que questionne Pierre Caule dans son documentaire "I Love Me".
Des vies en vitrine et une culture de soi à son paroxysme, c'est ainsi que Pierre Caule débute sa critique des réseaux sociaux. À travers plusieurs profils de créateurs, d'influenceurs et de joueurs, il nous partage la vision de celles et ceux pour qui internet et les réseaux sociaux sont devenus le cœur de leur quotidien.
Maquiller son image
Charlène est créatrice de contenus et influenceuse make-up. Elle a commencé sa carrière sur les réseaux sociaux sur conseil de ses amies avant le confinement. Comme beaucoup de créateurs sur Instagram, Charlène a longtemps tenté de décoder le fonctionnement de l'algorithme. Des règles du jeu qui changent tous les 2 à 3 mois.
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Spécialiste du maquillage, son image est très importante : "Sur les réseaux sociaux, le produit, c'est nous". Une manière de vivre dont elle comprend les dangers : "Le problème quand on montre une image faussée, c'est que ça peut rendre dépressive ou folle" et sur laquelle elle essaye d'agir pour passer moins de temps sur son téléphone et plus avec ses proches.
La loi du selfie
En Amérique du Nord, 85% des jeunes déclarent vouloir devenir influenceur. Pierre Caule se questionne : Cette envie est-elle l'expression d'un désir de liberté ou d'une volonté de se protéger derrière son écran ?
Jude est Canadien.ne et mannequin de profession.
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Cette fan de selfies prend plus de 700 photos d'elle à chaque session qu'elle organise avec son reflet : "J'adore prendre des photos de moi". Elle s'amuse à créer différentes personnalités pour ses réseaux : "Mes réseaux sociaux sont mon journal intime".
Une image optimisée d'elle-même qu'elle trouve plus intéressante que sa vraie personnalité. Il y a quelques années, Sarah devient Jude et fait son coming-out non-binaire à ses followers. Durant cette période, elle se livre et avoue se sentir plus connectée à ses followers qu'à sa famille.
L'envers du Vercors
On peut être ultra-connecté et souhaiter vivre seul. Les néo-ermites sont de plus en plus nombreux et celui que Pierre Caule est allé rencontrer se fait appeler Stégonaute.
Cet ancien musicien d'un groupe de rock vivait de sa passion mais le covid est arrivé. Dans cette solitude forcée, le compositeur développe son propre univers. Invisible, sans visage, il veut qu'on s'intéresse à sa musique avant tout : "Je compose la musique de la solitude".
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Sténogaute vit seul dans le Vercors mais il est entouré de followers passionnés de musique. Cette manière de vivre lui permet de développer ses idées et de trouver l'inspiration : "L'écran, je le vois plus comme un moyen de communiquer et un rempart pour choisir les interactions". Une manière de filtrer les échanges et de choisir la distance entre lui-même et ses interlocuteurs.
Vie sociale ou Valorant ? Pourquoi choisir ?
Mattias, lui, est professeur d'histoire mais sa vraie passion, c'est le jeu vidéo. Il vit chez ses parents dans un petit village. Son rêve, c'est de devenir un joueur professionnel sur le jeu Valorant et pour cela, il s'entraîne plus de 6h par jour sur son ordinateur, limitant sa vie de famille et sa vie sociale.
Pourtant, Mattias ne cherche pas à avoir plus d'amis ou à construire une vie de couple : "Je suis plus intéressé par ma vie de professeur et ma vie sur Valorant". Un travail et un jeu qui lui permettent de sociabiliser : "J'ai deux amis auxquels je parle tous les jours sur l'ordinateur. Si on se rencontrait, on n'aurait peut-être rien à se dire". Le gamer se considère lui-même comme un produit de la société.
À travers son documentaire, Pierre Caule vous emmène également à la rencontre de créateurs de contenus pour adulte et vous verrez que même l'Eglise se met aux réels. "I Love Me", un documentaire à retrouver ce soir à 23.40 sur France 3 Paris Île-de-France ou en replay sur france.tv/idf.