"J’appelais chaque soir le 115, quand il n’y avait aucune place, nous dormions dehors", mobilisation pour aider une mère et ses 4 enfants

Les enseignants et les parents d’élèves, de l’école Eugène Reisz, dans le XXème arrondissement, se mobilisent pour qu'une mère de famille et ses quatre enfants, dont un bébé, trouvent un logement. En Île-de-France, les enfants à la rue ou logés dans des hébergements d’urgence, seraient plusieurs centaines.

Après de longues nuits d’errance, dans la capitale, Lucie, un prénom d’emprunt, elle préfère rester anonyme, a trouvé refuge, avec ses quatre enfants, au Lycée Charles-de-Gaulle, à Paris, depuis deux semaines. 

Depuis décembre 2023, cet ancien établissement professionnel, mis à disposition par la Région, accueille chaque soir, jusqu’à 120 personnes sans-abri. Ses locaux, permettent à des personnes à la rue, de dormir dans des dortoirs pour plusieurs nuits.

Pour la jeune femme de 35 ans et ses trois filles, âgées de onze ans, sept ans et treize mois et son fils de neuf ans, c’est une pause bienvenue. « J’appelais chaque soir le 115 ou des associations et ils me trouvaient une solution pour la nuit dans des églises, des mairies ou des hôtels. Quand il n’y avait aucune place, nous dormions dehors. » La famille peut désormais poser un peu ses valises, se laver et prendre ses repas au sec.

Mais leurs conditions de vie restent très précaires. « Nous partageons une chambre avec une autre maman et sa fille. Ma plus grande qui entre dans l’adolescence n’a aucune intimité. Ma petite qui apprend à marcher a très peu de place pour se déplacer. La nuit il y a du bruit. Mes enfants et moi-même, nous avons du mal à trouver le sommeil. Il fait froid. Mes petits sont malades. Cet accueil est encore temporaire. Seulement un mois renouvelable», déplore Lucie.

Une fuite et un long parcours pour la famille

Lucie, a fui un pays d’Afrique, avec trois de ses petits pour échapper à des violences conjugales et éviter l’excision à ses deux filles. Elle est arrivée par avion, à Montpelier, en août 2022. Puis, elle a habité à Perpignan dans des hôtels sociaux. Là-bas, elle a donné naissance à son quatrième enfant.

Sa demande d’asile accordée, elle a décidé de venir vivre à Paris pour trouver plus facilement du travail. Auparavant, elle était agent d’escale dans un aéroport. Un métier qu’elle aimerait bien retrouver, mais sans logement, c’est compliqué. « On m’avait proposé un poste d’agent d’accueil dans une gare mais je n’avais personne pour garder ma plus jeune. Sans habitation pérenne, je ne peux pas faire de demande de place en crèche », confie-t-elle. 

Les enseignants se mobilisent

Pour les enseignants, de l’école Eugène-Reisz, dans le XX ème arrondissement, où sont scolarisés deux des enfants, la situation est alarmante. Avec des parents d’élèves, ils ont créé un collectif appelé le collectif Reisz, un toit pour chaque enfant de l’école Eugène Reisz.

Grâce à la mobilisation du collectif qui a occupé l'école élémentaire en mars, Lucie et ses 4 enfants ont pu quitter la rue et sont aujourd'hui hébergés dans l'ancien lycée professionnel. Mais ce n'est que temporaire.

Le collectif continue à alerter les pouvoirs publics sur la situation des enfants sans domicile. « Les enfants sont fatigués. En classe, ils ont des difficultés de concentration et d’apprentissage », explique un professeur de ce collectif. 

« Cet hiver, au moins 2 822 enfants ont dormi à la rue en France, dont 700 âgés de moins de 3 ans. Les familles qui ont la chance d’être dans des centres d’hébergement d’urgence doivent supporter le froid dans les dortoirs, l’angoisse liée à l’absence de certitude sur la durée d’hébergement, un manque d’intimité, une mauvaise alimentation », explique-t-il. Et d'ajouter : « Ces parcours d’errance amènent de la fatigue, des problèmes de développement physiques et mentaux, ou encore des maladies aux plus jeunes. »

« L’État français ne respecte pas la Convention internationale des droits de l’enfant dont il est signataire et qui spécifie que chaque enfant a le droit à un refuge, d’être secouru et d’avoir des conditions de vie décentes. Avoir un toit sur la tête est un préalable pour apprendre », rappellent les membres du collectif.

Nous demandons que l’État prenne ses responsabilités et se montre à la hauteur de ses engagements. Cette famille a le droit à un logement individuel pérenne et adapté à de jeunes enfants », dénoncent-ils.

Les hébergements manquent en Île-de-France

 

De son côté, l’association France horizon qui gère le centre d’hébergement du Lycée Charles-de-Gaulle, nous rapporte faire tout ce qu’elle peut pour trouver une solution aux familles accueillies. « Nous proposons un hébergement provisoire pour permettre aux familles de ne pas dormir à la rue. Nous les accueillons tant qu’une solution plus stable ne leur a pas été proposée par le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO).

A chaque arrivée, une évaluation sociale est réalisée. Nous servons des repas. Le ménage est fait dans les parties communes chaque jour. En revanche, ce bâtiment est un ancien lycée. Les chambres sont donc des salles de classe. Plusieurs familles peuvent dormir dans une même pièce. La cohabitation peut être parfois difficile », rajoute-t-elle. « Le problème c’est que les places d’hébergement plus pérenne manquent », se lamente l’association.

Bien décidé à se faire entendre, le collectif de parents et d’enseignants organise un petit-déjeuner devant l'école maternelle jeudi 28 mars 2024, à 8 heures. Il a déjà prévu d’organiser une marche, en direction de la mairie du XXe arrondissement, si la mobilisation de jeudi ne porte pas ses fruits.

 

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