#Jailadalle, une campagne de dons contre la précarité alimentaire étudiante : "La situation est alarmante"

L’association Linkee, qui collecte des produits invendus pour les reconditionner et organiser des distributions alimentaires, lance une campagne de sensibilisation contre la précarité étudiante. L’objectif : lever des fonds et alerter sur la baisse des aides publiques.

"On voit passer plusieurs centaines d’étudiants chaque semaine, la situation est alarmante", déplore Henri. Cet étudiant de 25 ans originaire de banlieue parisienne, actuellement en stage dans la capitale dans le cadre d’études en logistiques et achats à Bordeaux, est bénévole pour Linkee. "Je suis bénéficiaire des distributions depuis un peu plus de deux ans, et j’ai commencé à aider l’association depuis le début de cette année universitaire", raconte-t-il.

"C’est compliqué depuis que j’ai débuté mes études, retrace Henri. Au début, ça allait encore, je pouvais manger pas trop mal et sortir. Mais avec le temps mes bourses ont baissé et j’ai pris un prêt. Grâce aux distributions, on arrive à manger autre chose que des pâtes, ça varie ce qu’on a dans le frigo, avec des fruits et des légumes frais. En soi, je pourrais tenir le mois en faisant mes courses à Lidl, mais je ne mangerais que des féculents."

Dans la file d’attente, on voit des gens à bout

Henri, étudiant

"Il faut s’inscrire en ligne et faire la queue, parfois longtemps, poursuit-il. Les bénévoles remplissent un sac de courses, gratuitement. Un panier pour une semaine, en gros. La première fois, ça fait bizarre, on se demande quand on va devoir payer."

En tant que bénévole sur un point de distribution à Paris, il constate les conséquences de la précarité alimentaire sur la santé mentale des étudiants : "Tout ça joue beaucoup sur le moral. Dans la file d’attente, on voit des gens qui ne sont pas heureux, troublés psychologiquement, à bout. Beaucoup d’étudiants galèrent, pas uniquement les strates les plus pauvres. C’est quand même fou de devoir faire la queue comme aux Restos du Cœur pour pouvoir continuer ses études."

Partager une photo de son frigo vide pour "mettre en lumière" la précarité

"79% des étudiants précaires ne mangent pas à leur faim", alerte Linkee. L’association, qui publie une étude sur la précarité étudiante, lance une campagne de mobilisation et de dons : "#Jailadalle". Linkee invite les jeunes concernés à partager une photo de leur frigo vide.

"On veut mettre en lumière la situation, la visibiliser, explique Mandy Couderc, responsable de projet pour l’association. Les étudiants précaires sont souvent discrets et n’osent pas en parler. C’est très compliqué, et ils ne peuvent pas forcément travailler en plus des cours, il y a peu de jobs étudiants disponibles. Le serpent se mord la queue."

D’après l’étude publiée par l'association, trois étudiants précaires sur quatre ont moins de 100 euros par mois de reste à vivre pour s'alimenter, se soigner, s'habiller et se cultiver. Toujours selon l’enquête, un étudiant sur cinq envisage ou a envisagé d'arrêter ses études à cause des difficultés financières rencontrées.

La campagne vise aussi à lever des fonds. "Les pouvoirs publics ont coupé de moitié les aides aux associations. De notre côté, le nombre de bénéficiaires a doublé : on est passé à 2,3 millions de repas distribués en 2023, contre un million en 2022, au niveau national. Cette année, on estime qu’on pourrait atteindre 4,8 millions de repas", alerte Mandy Couderc.

Linkee, qui organise une dizaine de distributions par semaine à Paris, appelle le gouvernement à "augmenter les moyens" et "travailler sur le sujet de la précarité étudiante, au-delà des repas à un euro", souligne la responsable de projet. L’association compte 2 500 bénévoles dans la capitale. En Île-de-France, Linkee a distribué plus de 1,1 million de repas gratuits l’an dernier.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité