Affaire de la jupe trop courte : elle ne porte pas plainte contre le chauffeur de bus mais maintient sa version

Elle avait accusé un chauffeur de bus de ne pas l'avoir laissé monter dans un bus à cause d'une jupe trop courte. Elle ne portera pas plainte mais maintient sa version des faits. Le chauffeur (sans antécédents dans son dossier) nie toute discrimination.

Son témoignage a provoqué la polémique jusqu'au plus haut niveau de l'État. Il est environ 23 heures lorsqu'Élise, une jeune femme âgée de 29 ans, attend son bus de la ligne 60 à l'arrêt Botzaris (Paris XIXe) pour rentrer chez elle avec une amie, mardi 30 avril.

Mais selon son récit, le bus ne s'arrête pas. Elle le poursuit et au feu rouge, le chauffeur lui aurait lâché en regardant ses jambes : "Tu n’as qu’à bien t’habiller !".

La jeune femme ne portera pas plainte, a-t-elle annoncée par la voix de son avocat, Me Richard Malka. "Elle souhaite se protéger, ne pas être trop exposée. Elle estime également que ce n'est pas son rôle de demander la condamnation de qui que ce soit judiciairement." 

Deux versions opposées

La jeune femme a néanmoins maintenu sa version des faits et continue à affirmer que le chauffeur du bus a bien prononcé cette phrase.

Lui s'en défend. "Il ne reconnaît pas les faits tels qu’ils ont été présentés dans la presse. Il reconnaît toutefois une faute de service, notamment avec le non-respect des règles d’exploitation en ayant refusé d’ouvrir les portes à deux jeunes filles, à une heure tardive, à la station Botzaris", a relayé la RATP par communiqué de presse.

Selon un délégué du personnel à la CGT RATP Bus, Olivier Terriot, la raison du non-arrêt du bus est bien différente : "Lorsqu'il s'est arrêté, ces deux jeunes filles étaient en train de fumer et n’ont prêté aucune attention à ce chauffeur de bus, donc il a décidé de repartir", a-t-il précisé sur RMC ce mardi 7 mai. Et d'ajouter : "Je pense aussi qu'il y a une part de manque de respect qui peut se ressentir et qui a pu jouer dans sa prise de décision qui est, pour moi, un non-événement".

"L'agent concerné nie avec toute sa force avoir dit ça. Pour quelle raison, un gars qui a plus de 4 ans de régie, sans histoire et qui rend service, pourquoi il lui refuserait de monter dans son bus ? On dit partout que c'est un musulman radical, ce n'est pas du tout vrai", abonde Olivier Davois, secrétaire général de la CGT RATP Bus. Le syndicaliste regrette par ailleurs "tous les propos haineux à propos du collègue comme de la RATP laissés sur les réseaux sociaux" et craint le pire : "on se retrouve avec 15.500 machinistes menacés."
 

Des propos "ridicules" selon l'avocat

Selon l'avocat de la jeune femme, "les explications données par la CGT sont ridicules. Comment pouvait-il savoir qu'elles n'allaient pas éteindre sa cigarette ?".

La RATP rappelle que le chauffeur "n’a aucun antécédent dans son dossier (il est depuis 4 ans à la RATP) et n’a jamais eu à faire l’objet d’observation ou de sanction quant à son comportement".

L'enquête interne se poursuit à la RATP. Le chauffeur n'a pas été suspendu mais ses missions de conduite lui ont été retirées. Il risque la révocation.

De son côté, Élise "espère aussi que des mesures seront prises pour que la situation ne se reproduise pas", selon son avocat.
 
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