"Après les JO de Paris 2024 on ne veut pas gâcher la fête, juste rappeler que les plus précaires en sont exclus"

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Alors qu’Emmanuel Macron et les organisateurs saluent le succès des Jeux olympiques de Paris, des associations rappellent les impacts négatifs des JO. Expulsions de SDF, surveillance… Quel bilan critique peut-on dresser de l’événement ?

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Au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux, le président de la République Emmanuel Macron dresse un bilan réussi de la quinzaine olympique, pointant du doigt un "succès d’organisation" et l’échec de "l’esprit de défaite". Même enthousiasme du côté du gouvernement et des organisateurs des Jeux. Mais qu’en est-il du côté des associations critiques de l'événement et de ses conséquences sociales, sécuritaires et environnementales ?

"Les organisateurs sont dans leur rôle", réagit Antoine De Clerck, l’un des porte-parole du collectif "Le Revers de la Médaille", et membre de Refugee Food. "Mais ça peut laisser un goût amer. Tous ces lieux touristiques et ces sites olympiques où ont eu lieu tant d’évacuations… C’est difficile de se réjouir à titre personnel", explique-t-il. Le collectif, qui dénonce un "nettoyage social" dans le cadre de l’événement, réunit 80 associations, dont Attac France, Action contre la faim, Utopia 56 ou encore Médecins du Monde.

"On n’a jamais dit que les Jeux étaient un problème en soi, poursuit-il. Après les JO de Paris 2024 on ne veut pas gâcher la fête, juste rappeler que les plus précaires en sont exclus. Tout se déroule derrière une bulle, une vitrine. Et il y a un double discours, selon lequel les forces de l’ordre ont notamment été formidables. Quand on voit comment se déroulent des expulsions massives en bus vers les quatre coins de la France, c’est difficile."

"En septembre, on arrivera probablement à un bilan de 15 000 personnes expulsées"

"Comme pour les précédentes éditions des JO, Paris 2024 a mis de côté tous les gens qui n’entrent pas dans la carte postale. En septembre, on arrivera probablement à un bilan de 15 000 personnes expulsées pendant les Jeux. Au 31 juillet, on en comptait 14 000, et ça continue. C’est regrettable, les Jeux ne veulent pas montrer la ville dans sa réalité, y compris sa pauvreté. On met tout ça sous le tapis, et on ne s’en préoccupe pas", ajoute Antoine De Clerck.

Autre regret du porte-parole : "Quand on voit les investissements exceptionnels qu’entraînent les Jeux, par exemple du côté des forces de l’ordre, on se demande : pourquoi ne pas mobiliser autant de moyens pour des travailleurs sociaux, au lieu d’évacuer des camps ? Cacher la misère, c’est plus facile."

Antoine De Clerck déplore aussi les ambiguïtés de la maire de Paris : "Anne Hidalgo, qui a porté la candidature dans sa ville, se montrait critique sur certains aspects, notamment l’organisation des transports. Depuis, on ne l’entend plus, à part pour dénoncer le 'bashing' des JO et les 'peine-à-jouir' qui critiquent les Jeux." Il pointe également du doigt le "déni de réalité" du ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, "qui conteste le lien entre le nettoyage social qui a lieu et les JO".

"Il est trop tôt pour dresser un bilan"

Du côté du collectif anti-olympique "Saccage 2024", qui "lutte contre l’organisation des Jeux où qu’ils soient, et leur idéologie", Arthur, l’un de ses membres, refuse de dresser un bilan : "Il est trop tôt pour en dresser un, les Jeux ne sont pas terminés. Les paralympiques commencent bientôt et concernent autant les impacts qu’on dénonce. Nous ne sommes qu’à mi-parcours. C’est possible de dresser un bilan des médailles, mais pour les conséquences économiques, sociales, sécuritaires et écologiques des JO, c’est prématuré."

"Ce qui sera intéressant à regarder, c’est l’après-JO, poursuit-il. On nous bassine avec l’héritage des Jeux… Aujourd’hui, les habitants sont toujours privés de nombreux sites. Léon Marchand a gagné plein de médailles mais à quel prix ? Emmanuel Macron salue l’absence d’attentat, mais est-ce suffisant pour parler de succès des Jeux ? On empêche les habitants de circuler dans leur ville."

Arthur rappelle ainsi les verbalisations et les gardes à vue survenues suite à l’organisation des "toxic tours", des "visites urbaines commentées" par Saccage 2024 pour montrer les conséquences des Jeux en Seine-Saint-Denis. Il cite par ailleurs les budgets engagés pour la sécurité avec de nombreux policiers français et internationaux, "qui ne sont pas comptabilisés quand on parle du coût des JO".

"Que va-t-il advenir des méthodes d’éloignement des villes des plus précaires ?"

Quant au Revers de la Médaille, Antoine De Clerck se dit inquiet pour la suite : "Que va-t-il advenir des méthodes d’éloignement des villes des plus précaires ? Les personnes sans-abri actuellement obligées de se cacher face à la présence des forces de l’ordre vont-elles devoir rester invisibles ? L’enjeu, c’est l’accès aux soins et à l’aide alimentaire."

Mais le porte-parole tente de rester optimiste. "Pour Los Angeles 2028, on espère qu’au-delà de la com', la pression de la société civile va pousser les comités nationaux d’organisation à se saisir du sujet. Avec Los Angeles, la question du nombre de personnes sans-abri est décuplée, et il y a la problématique de la crise des opioïdes. Comment faire en sorte que des événements sportifs de l’ampleur des Jeux prennent en compte les questions sociales et écologiques ?", conclut-il.

Du côté de Saccage 2024, le collectif "continue d’organiser des permanences jusqu’aux paralympiques" et "va poursuivre son travail d’information sur l’impact des Jeux", indique Arthur. "On continuera aussi de communiquer avec nos camarades internationaux à Milan et Los Angeles, avec toujours pour objectif de porter un contre-discours. Pour la suite, il faut rappeler que non, les Jeux ne se sont pas bien passés. Et que ce n’est pas une bonne idée d’accueillir les JO dans les Alpes en 2030", insiste-t-il.

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