"On voulait juste faire une balade" : des militants anti-JO de Paris 2024 verbalisés à Saint-Denis, l’un d’entre eux placé en garde à vue

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Alors que le collectif "Saccage 2024" avait convié la presse pour une "visite guidée" censée montrer l’impact négatif des Jeux olympiques autour du Stade de France à Saint-Denis, une quinzaine de personnes ont été verbalisées par la police. Trois militants ont même été emmenés au commissariat.

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La visite commence à peine, qu’un cortège de policiers bloque déjà le chemin. Ce vendredi matin, le collectif anti-JO "Saccage 2024" avait donné rendez-vous à la presse à partir de 10h à la sortie du métro Porte de Paris à Saint-Denis, où passent de nombreux spectateurs des Jeux pour se rendre au Stade de France.

Le collectif souhaitait organiser un nouveau "toxic tour", le long du canal Saint-Denis. "C’est une visite guidée des chantiers et maintenant des sites olympiques pour montrer physiquement l’impact des JO. Tout ce qui a été déplacé et détruit en amont", résume Noah, l’un des militants. "On voulait juste faire une balade, pour montrer les lieux", ajoute-t-il.

Impossible de poursuivre l’action : les policiers "nassent" l’ensemble du groupe, journalistes compris. "L’idée c’est d’apporter un contre-récit, un contre-discours. Un 'toxic tour', c’est une balade urbaine, on commente juste ce qu’on voit. Il n’y a pas de mégaphone", souligne Arthur, un autre membre de Saccage 2024, vêtu d’un T-shirt "Fuck the Olympics".

"On est privé de notre espace public. On veut juste aller sur le canal, on ne peut pas", réagit le militant, qui précise que la plupart des membres du collectif "habitent ici".

"On lit partout que les Jeux olympiques se passent merveilleusement bien"

À part les journalistes munis d’une carte de presse, toutes les personnes présentes sont contrôlées et verbalisées, à hauteur de 135 euros. Certaines sont fouillées. La police donne ensuite pour consigne de quitter les lieux, en prenant la direction du métro.

"On nous reproche une manifestation interdite ou non déclarée, ce qui n’est pas le cas… Je ne comprends pas ce qui est en train de se passer, c’est ridicule. Et ça montre la montée d’un Etat policier olympique, et qui restera après", dénonce Noah. Il cite notamment "la vidéosurveillance algorithmique". "Sur la place à côté, un énorme panneau annonce ces caméras qui surveillent toujours plus", déplore-t-il.

"J’ai l’impression qu’on lit partout que les Jeux olympiques se passent merveilleusement bien, déclare Arthur. Tout ne se passe pas bien. Tout ce qu’on dénonce depuis quatre ans, on le voit… Les personnes les plus précaires sont harcelées et subissent des expulsions manu militari sur le canal. Et après les JO, il restera notamment le village des athlètes, qui est un outil pour gentrifier nos quartiers et chasser les habitants de Saint-Denis, par la hausse des loyers."

Le militant rappelle l’objectif de "Saccage 2024", créé en septembre 2021 : "un collectif anti-olympique". "Les JO sont néfastes, où qu’ils soient : à Paris, Milan, Los Angeles ou dans les Alpes en 2030. Il convient de lutter contre, de toutes nos forces", affirme-t-il. Arthur pointe du doigt "des contrôles incessants" et "des espaces verts privatisés pour faire des fan-zones avec des vigiles à l’entrée, et des fouilles". Il rappelle également "la construction de l’échangeur autoroutier Pleyel qui encercle une école de 700 enfants" et "les jardins ouvriers d’Aubervilliers qui ont été détruits".

Deux journalistes placés en garde à vue lors du précédent "toxic tour"

Quant aux journalistes, les cartes de presse ont été photographiées par un policier, pour noter les identités. Du côté des militants, trois d’entre eux ont été emmenés par les forces de l’ordre. Deux ont pu ressortir du commissariat de Saint-Denis après un contrôle d’identité, et le troisième a été placé en garde à vue.

Noah, qui fait partie des personnes emmenées au commissariat, avait déjà été arrêté le dimanche 28 juillet, avec deux journalistes, pour un autre projet de "toxic tour". Arnaud Vilette, photographe indépendant, raconte la scène : "Le rendez-vous était donné à 10h, une autre journaliste m'a rejoint. Avec Noah, on a fait 30 mètres pour rejoindre l'autre côté du boulevard et un policier en civil nous a arrêtés. On a ensuite vu quatre fourgons de police arriver, sirènes hurlantes."

"Les policiers sont sortis et nous ont nassés, fouillés et contrôlés, poursuit-il. Ils ont trouvé des stickers dans le sac de Noah. Moi, je n'avais rien d'autre que mon appareil photo et mon téléphone. On m'a empêché de prendre la moindre image. J'ai montré ma carte d'agence de presse et malgré ça, nous avons été placés en garde à vue, pendant presque 10 heures."

Le militant et les deux journalistes avaient alors été emmenés au commissariat "pour un motif qui a été classé sans suite", "attroupement en vue de commettre des dégradations", précise le collectif. Suite aux verbalisations et au placement en garde à vue d’un militant ce jeudi, Saccage 2024 dénonce sur X "l'impossibilité de critiquer les JOP".

Contactée, la préfecture de police (PP) indique de son côté que "ce jeudi, vers 10h30, une vingtaine de personnes se sont rassemblées à Saint-Denis, aux abords du Stade de France, dans le cadre d'une manifestation qui a fait hier l'objet d'une interdiction par arrêté préfectoral". "Conformément à cet arrêté, 17 personnes ont été verbalisées pour participation à une manifestation interdite. L’organisateur de ce rassemblement a été identifié et interpellé pour organisation d’une manifestation interdite. Deux individus qui refusaient de décliner leur identité ont également été conduits dans un commissariat dans le cadre d’une procédure de vérification d’identité", ajoute la PP.

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