"Pas de retrait, pas de JO" : des opposants à la réforme des retraites appellent à perturber Paris 2024

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Les appels à perturber l’organisation des Jeux olympiques de Paris se multiplient sur les réseaux sociaux, afin de protester contre la promulgation de la loi sur la réforme des retraites. Une initiative soutenue par certains syndicats comme la FSU 93.

"#PasDeRetraitPasDeJO", "#PasDeRetraitesPasDeJO"… Parfois relayés plusieurs centaines de fois, de nombreux messages publiés ces derniers jours sur Twitter invitent les opposants à la réforme des retraites et au recul de l’âge de départ à 64 ans à mener des actions contre la tenue des JO de Paris 2024.

"Pas de sport sans démocratie, non aux Jeux de Macron", "le monde entier aura les yeux rivés sur nous, on va leur montrer", ou encore "bousillons les JO 2024, c’est notre plus gros moyen de pression", peut-on lire parmi les tweets. Le hashtag viral "#PasDeRetraitPasDeJO" s’affichait samedi en tête des tendances sur Twitter.

La FSU 93 a apporté son soutien aux appels. "C’est parti pour le #PasDeRetraitPasDeJO. La France et la Seine-Saint-Denis ne sont pas des terrains de jeux de profits pour les amis de #MacronDemission !", a tweeté samedi le syndicat.

"Le président n’écoute pas, malgré des mobilisations massives avec des millions de personnes dans la rue, donc des actions de ce genre peuvent éventuellement être intéressantes, explique Karim Bacha, co-secrétaire général de la FSU 93. Emmanuel Macron veut passer à une autre 'séquence', il veut tourner la page. Et là, on parle d’un événement international qui pose la question des inégalités sociales, alors qu’on va obliger les travailleurs de Seine-Saint-Denis et d’ailleurs à trimer deux ans de plus."

"Le CIO et les entreprises qui viennent faire joujou lors des JO ne sont pas des philanthropes, leur but est de faire du profit, poursuit-il. En Seine-Saint-Denis, nous voyons les effets de la gentrification et nous sommes particulièrement concernés par les JO à long-terme. Nous avons mis en place un comité permanent très vigilant à l’héritage des Jeux : la Seine-Saint-Denis risque de rester le dernier département en termes d’installations sportives par habitant, même après l’extinction de la flamme olympique. Nous ne voulons pas être le dindon de la farce, nos clubs et nos scolaires sont très mal dotés."

Un appel à "s’inscrire en masse" parmi les volontaires de Paris 2024 "et ne pas y aller" 

Tennis, tir à l’arc, lancer du poids, lancer du javelot… Parmi les messages publiés avec le hashtag "#PasDeRetraitPasDeJO", certains internautes ironisent par ailleurs en mettant en parallèle des images d’affrontements lors de manifestations d’un côté, et des disciplines sportives de l’autre.

D’autres tweets mettent en avant des montages parodiques du logo des JO, en remplaçant les anneaux olympiques par des CRS.

Certains internautes appellent enfin à "s’inscrire en masse" sur le site qui enregistre les candidatures pour les volontaires de Paris 2024, "et ne pas y aller" pour "tout désorganiser".

Une initiative relayée par Saccage 2024, un collectif qui milite contre la tenue des Jeux (sans lien avec le mouvement "#SaccageParis"). "Plus que 2 semaines pour devenir involontaires ! Foncez, il n'y aura pas de place pour tout le monde", a tweeté le collectif ce dimanche.

"Les JO ne sont pas déconnectés du reste des mobilisations sociales"

"On soutient la mobilisation contre la réforme des retraites depuis le début", souligne Arthur, membre du collectif Saccage 2024. "A la mi-mars, nous avons participé au blocage du centre aquatique olympique à Saint-Denis, lors d’une journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, raconte-t-il. Et lors du weekend de Pâques, le samedi 8 avril, nous avons participé au blocage du futur hôtel de luxe de la Tour Pleyel, pour demander le retrait de la loi Darmanin sur l’immigration."

"Les JO ne sont pas déconnectés du reste des mobilisations sociales, poursuit Arthur. Quand nous avons vu apparaître le hashtag #PasDeRetraitPasDeJO, nous avons trouvé ça très intéressant, même si nous sommes pour l’annulation des JO tout court, même en cas de retrait de la loi. Jusqu’ici la question des JO était un grand oublié dans le milieu militant et syndical, parce qu’elle apparaissait comme lointaine. Mais à 500 jours des Jeux, nos actions et nos réunions réunissent de plus en plus de monde, il y a un engouement contre les JO."

"Si les Jeux ne sont pas annulés, nous espérons que ce seront les derniers, ajoute-t-il. Comme la réforme des retraites, les Jeux olympiques sont le reflet d’un monde contre lequel nous luttons. Nous militons depuis 2015 : il y a des arguments écologistes, la question du budget qui explose, la gentrification… Derrière les JO et leur histoire, il y a aussi une idéologie capitaliste, raciste et validiste, qui utilise les Jeux paralympiques pour faire du handiwashing."

"Je ne suis pas pour qu'on embête le bon fonctionnement des JO", réagit Laurent Berger

Du côté de la CFDT, son secrétaire général Laurent Berger affiche au contraire son opposition à toute perturbation des Jeux. "Les JO, ça doit être une fête, ça doit être un moment magique pour ceux qui aiment le sport et donc, il est hors de question de faire ni ce type de menace, ni ce type d'action", a-t-il affirmé ce lundi sur France 2.

"Le syndicalisme a une image qui a été redorée dans cette période, il a assumé sa part de responsabilité, on a dit les choses franchement, parfois un peu vertement, on n'a jamais passé la ligne jaune. On ressort plutôt grandi de cette période, je ne suis pas pour qu'on embête le bon fonctionnement des JO", a ajouté Laurent Berger.

Contactée, la communication de Paris 2024 n’a pas répondu à notre demande d’interview. Les Jeux olympiques se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024, et les Jeux paralympiques suivront du 28 août au 8 septembre. D’ici le lancement des JO, certains messages publiés avec le hashtag "#PasDeRetraitPasDeJO" appellent également à perturber d’autres grands événements, comme le festival de Cannes, la coupe du monde de rugby, Roland-Garros ou encore le Tour de France.

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