Grosse source d'inquiétude à l'heure de l'organisation des Jeux olympiques de Paris, la sécurité privée est en passe de réussir sa mission avec des agents finalement venus en nombre mais, selon certains, pas assez formés.
Dans un secteur déjà en déficit régulier de 20.000 agents, selon ses acteurs, le Comité d'organisation des JO (Cojop) avait évalué ses besoins à une moyenne de 20.000 personnels par jour pour assurer le bon déroulement du rendez-vous planétaire. Un défi de taille.
À quatre jours de la cérémonie d'ouverture, le préfet de région Ile-de-France Marc Guillaume évoquait encore 200 à 300 personnels à embaucher. A la veille de la clôture des JO, "force est de constater que ça se passe très bien", relève à l'AFP Loïc Duval, responsable chez Nouvel R, centre de formation et société attributaire de missions sur les JO.
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"S'il manque des agents, on ne le voit pas, en tout cas, on n'a pas cette impression. Ça reste pour le moment une réussite", poursuit M. Duval, pourtant "très loin d'être serein" il y a quelques semaines.
De son côté, Paris 2024 a salué auprès de l'AFP "la très grande anticipation, la qualité de la coopération entre les entreprises et Paris 2024, et le très fort investissement de tous les acteurs, Etat, organisateurs et entreprises de sécurité, qui ont permis de mobiliser, dans un contexte d'insuffisance structurelle de ressources, un volume d'agents jamais atteint".
Une majorité d'étudiants
Le Cojop a précisé que la mobilisation de "17.000 à 22.000 agents de sécurité privée par jour" a été ramenée "à environ 16.500 agents (...) en moyenne et 20.000 en pic".
Pour tenir l'objectif et ne pas reproduire le cauchemar des Jeux de Londres 2012 marqués par la défaillance de l'unique société en charge de la sécurité privée, incapable de fournir les effectifs nécessaires, et le recours à l'armée, plusieurs campagnes ont été lancées pour attirer chômeurs, étudiants, retraités.
"Il y a eu 7.200 personnes formées et ce sont à 70-80% des étudiants", détaille à l'AFP Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité (GES), qui délivre ces diplômes.
"C'est un public nouveau, jeune, qui aura connu la sécurité privée via les JO. Et donc ça va faire un ensemble indirectement positif, ils vont pouvoir en parler", se projette M. Paulin, dont le GES regroupe 90% des acteurs du secteur.
Des agents sous-formés ?
Autre crainte avant les JO, le risque que des agents recrutés ne se présentent pas. "Quand il y a eu des 'no-show', c'est resté anecdotique, sans aucune conséquence et solutionné grâce à d'autres entreprises déjà présentes", souligne Cédric Paulin, qui évoque "24.000 accréditations retirées par la sécurité privée" (en juin).
"Le spectre des défaillances systématiquement constatées dans les éditions précédentes des Jeux a été écarté", abonde Paris 2024. Seul "un très faible nombre d'incidents" a été recensé et "aucun incident en lien avec les contrôles des spectateurs ou des athlètes".
Bernard Thibault, coprésident du Comité de suivi de la charte sociale pour les JO, convient lui aussi qu'"il n'y a pas d'incident jusqu'à présent". Mais l'ancien patron de la CGT pointe "une qualité de prestation assez critiquable".
"Une grosse partie du dispositif repose sur des gens sous-formés par rapport à la certification professionnelle de la sécurité privée. Et cela se fait au détriment de la compétence", regrette l'ancien syndicaliste, qui "vadrouille sur pas mal de sites".