Lignes engorgées, manque de conducteurs et confort de vie des habitants… Marc Guillaume, le préfet de région fait état de "tensions préoccupantes" dans les transports en commun à quelques mois des JO de Paris en juillet prochain. Qu'en pense la principale association d'usagers la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports d'Île-de-France ?
Dans son édition parue ce mercredi, le Canard Enchainé dévoile le contenu d'une lettre écrite par le préfet de la région Île-de-France Marc Guillaume, adressée au ministre chargé des Transports, Clément Beaune. Il y pointe du doigt l'impréparation des transports en commun franciliens à l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques en juillet prochain.
"À certains endroits, le plan transport ne permet d'acheminer les spectateurs que si tous les autres voyageurs étaient dissuadés ou presque", lit-on notamment. En ce qui concerne l'occupation des lignes, il prévoit la saturation pour 68% des lignes de métro et 100% de celles du RER. Il estime que cette saturation se fera en dépit "des renforts envisagés" par IDFM avec des bus de substitution.
Selon Marc Guillaume, cette offre de transport est insuffisamment renforcée alors que la région attend entre 500 000 et 1 million de spectateurs par jour durant la période olympique selon la RATP et IDFM.
Il note également que la circulation des bus sera fortement impactée par les restrictions de circulation. Sur le périphérique, une voie sera dédiée aux véhicules officiels, aux secours et transports en commun de 6 heures du matin à minuit. Avec un risque d'engorgement des autres voies. Ce jeudi, il a démenti la notion de "confinement olympique" mentionné dans le Canard Enchainé.
#JOP2024 | Marc Guillaume, préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris, dément toute utilisation et toute notion de « confinement olympique » notamment dans son courrier adressé au ministère des transports. pic.twitter.com/aDxsKIMelI
— Préfecture de la région d’Île-de-France (@Prefet75_IDF) December 7, 2023
Le 23 novembre dernier, Clément Beaune avait estimé que les transports de la région seraient prêts à faire face au flux de spectateurs que vont engendrer les Jeux. Il l'avait affirmé en réponse à Anne Hidalgo, la maire de Paris qui alertait sur les difficultés à prévoir l'été prochain. Sur le plateau de l'émission Quotidien, la maire PS de Paris avait indiqué que plusieurs lignes ne pourraient pas faire face à ce flux.
Zizanie dans le métro ! Le préfet de la Région Ile-de-France dément le ministre des Transports qui jurait le 23 novembre que "nous serons prêts" pour les #JO2024. Le haut fonctionnaire lui a écrit pour lui annoncer une avalanche de "saturations"...
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) December 6, 2023
➡️ https://t.co/Tpwe6OCaMI pic.twitter.com/PrnuuSuqLI
"Il faudra limiter l'impact pour les Franciliens qui travailleront"
Pour Bernard Gobitz, vice-président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports d'Île-de-France (FNAUT), les lignes 9 et 10 pourraient connaître une embolie après la fin des épreuves. "L'arrivée des spectateurs ne devrait pas poser problème. C'est au moment du départ qu'il pourrait y avoir trop de monde. Avec des matchs qui se terminent au Parc des Princes et à Roland-Garros en même temps. Il faudra que des bus fluidifient le trafic."
Autre "point dur" qu'il identifie : le Stade de France. À l'image de Marc Guillaume, le dirigeant de la FNAUT s'inquiète pour les Franciliens qui auront fait le choix de rester dans la région cet été "Il faudra être vigilants car seulement deux RER permettent d'y accéder et nous craignons que les déplacements des spectateurs n'impactent ceux des Franciliens qui poursuivront leur quotidien durant les Jeux", selon le vice-président de la FNAUT. "Tout le monde doit pouvoir continuer à vivre convenablement. Les habitants de la région qui travailleront durant cette période doivent pouvoir continuer à circuler correctement."
"Possible engorgement durant les Paralympiques "
Bernard Gobitz craint que la période des Jeux Paralympiques soit compliquée dans les transports. Ils se termineront le 8 septembre, une semaine après la rentrée scolaire. "Il y aura un chassé-croisé tardif entre les Franciliens qui reprennent le travail et les spectateurs des Jeux, on risque la thrombose du réseau", affirme-t-il. D'après lui, "il faudra anticiper les flux pour ne pas se faire surprendre."Autre point que soulèvent les deux hommes : la pénurie de chauffeurs.
Pour Bernard Gobitz, "IDFM s'emploie à pallier ces problèmes mais c'est un problème qui ne concerne pas que la période olympique." Le préfet de région souligne également les efforts envisagés par IDFM dans ce domaine.