Trois scénarios sont avancés concernant les retombées économiques des JO évaluées entre 6,7 et 11,1 milliards d'euros pour l'Île-de-France. Contribution publique, tourisme et BTP : voici les chiffres à retenir.
Il s'agit de l'une des questions les plus sensibles : les JO seront-ils rentables ? Une question à laquelle refuse de répondre le responsable des études économiques au Centre de droit et d'économie du sport (CDES), Christophe Lepetit.
Car ce dernier a mené une étude qui ne mesure pas la rentabilité mais "le surcroît d'activité par rapport à une situation où l'événement" qui n'aurait pas été organisé.
Trois scénarios très différents
Selon cette étude présentée ce mardi lors d'une conférence de presse du Comité d'organisation des JO de Paris-2024 (COJO), et déjà menée en 2016 lors de la présentation du dossier de candidature aux JO (et donc réévaluée), trois scénarios sont présentés sur l'impact économique total des JO.
Le plus bas annonce le chiffre de 6,7 milliards d'euros, quand le plus élevé évoque le chiffre de 11,1 milliards d'euros.
La principale inconnue réside dans le nombre de touristes qui vont se déplacer à Paris pour cette période, et aussi, dans une moindre mesure, de leur pays d'origine, et donc de leur pouvoir d'achat.
Le tourisme sera-t-il au rendez-vous ?
Les retombées économiques des touristes pourraient générer de 1,4 à 3,6 milliards d'euros en prenant en compte l'inflation. L'impact dépendra notamment du nombre de billets vendus pour les épreuves olympiques et paralympiques.
Parmi les 12,4 à 14 millions de billets jugés "commercialisables" par le CDES, au minimum 77% devraient trouver preneur pour les JO et au moins 62% pour les Jeux paralympiques, anticipe l'institut.
Par ailleurs, le tourisme pourrait aussi être considéré comme un héritage des Jeux (la période étudiée ira de 2025 à 2034) et l'impact pourrait être considérable : de 201 millions à 1,2 milliard d'euros selon les scénarios.
Cependant, l'accroissement de l'activité touristique à Paris ne sera pas nécessairement spectaculaire, la capitale étant déjà une destination très courue (contrairement à d'autres villes moins connues à l'international comme Lille ou Châteauroux).
Autre inconnue : l'"effet d'éviction" qui pourrait pousser certains touristes effrayés par l'affluence exceptionnelle en France cet été à reporter voire annuler leur séjour dans l'Hexagone.
"Les JOP vont être une vitrine extraordinaire, et ce pendant un mois et demi. Des gens vont découvrir la France et reviendront. C'est un événement unique dans le siècle en France", se réjouit Dominique Restino, président de la CCI Paris Île-de-France. Et d'ajouter : "Nous sommes la première destination au monde. Ce qui serait bien, c'est que nous soyons aussi la meilleure destination. C'est extrêmement important. Il ne faut pas oublier demain, après les JO. La France et l'Île-de-France doivent être prisés."
De nombreux ouvrages rénovés ou construits
Le BTP est l'autre secteur qui pourrait sortir grand gagnant de ces JOP. Les retombées attendues des dépenses de construction et de rénovation sont comprises entre 2,1 et 3 milliards d'euros, avec un scénario intermédiaire chiffré à 2,5 milliards.
Les auteurs de l'étude soulignent qu'ils se sont volontairement bornés à calculer les retombées directement liées à la construction ou la rénovation d'infrastructures "véritablement nécessaires aux Jeux" (stades, village olympique...). Le Grand Paris Express a, par exemple, été écarté du calcul des retombées.
Du côté de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation, affirme que la plupart des appels d'offre ont été remportés par des entreprises françaises, dont trois-quarts des 2 600 TPE/PME sont implantées en Île-de-France.
La CCI Paris Ile-de-France en a accompagné un millier (toutes n'ont pas décroché de contrat). "Dans une TPE ou une PME, ils n'ont pas forcément toutes les compétences pour candidater à des appels d'offres", précise Dominique Restino.
Quelle contribution publique ?
Selon Tony Estanguet, président comité d'organisation des JOP, affirme que le coût des JO, 4,4 milliards d'euros, est supporté, en large majorité, par des fonds privés (Comité olympique, sponsors, partenariats, billetterie) : "Il y a eu une volonté de sobriété budgétaire du coût d'organisation des Jeux. 100% du coût des JO est financé par le privé. En revanche, il y a une contribution d'argent public aux Jeux paralympiques pour réussir à équilibrer ce budget".
Ce budget ne comprend pas le budget de la Solidéo, le maître d'ouvrage des Jeux. "On va être les premiers locataires de ces infrastructures. Une majorité est financée par l'argent privé, il y a 1,7 milliard d'argent public", a précisé Tony Estanguet, avant d'ajouter : "ce sont des investissements pour les décennies à venir".
Des investissements dont le seul le temps dira s'ils sont pertinents, notamment pour la Seine-Saint-Denis, où s'ils finissent en décrépitude comme ce fut le cas pour certaines infrastructures des Jeux d'Athènes de 2004.