Le comité d’organisation des Jeux Olympiques a révélé les modalités de sélection des candidats qui souhaiteront porter la flamme olympique, durant les deux mois de relais qui précéderont la cérémonie d’ouverture. Mode d'emploi.
"Dans les moments les plus compliqués de la vie, je pense à ça et ça me suffit." Lucas Bertacchi, architecte parisien, a porté deux fois la flamme olympique. Pour les jeux d’hiver de Turin en 2006 et pour ceux de Vancouver en 2010. "Dès que je l’ai portée, je me suis mis à courir comme si j’étais possédé. Autour de moi, les gens pleuraient, sautaient. C’est un grand film sans fin que je vous conseille de vivre".
Prologue de l’ouverture des JO, le relais de la flamme jusqu’à la ville organisatrice a pour but de faire vivre la magie des jeux avec le plus grand nombre. En gros, faire monter la sauce avant la cérémonie d’ouverture. Une mission mythique et quasi mystique, pour les sélectionnés qui auront la chance de la tenir dans leur main.
Comme le veut la tradition, elle sera rallumée à Olympie, en Grèce, où commencera un parcours organisé par les autorités grecques elles-mêmes, avant d’être transmise à la ville organisatrice. La flamme traversera la Méditerranée dans le bateau Le Belem pour arriver à Marseille le 8 Mai 2024. De là, commencera un relais de 2 mois et demi jusqu’à Paris.
11.000 porteurs de la Flamme
Si l’on ne connaît encore rien de ce parcours, qui sera dévoilé le 23 Juin prochain, le comité d’organisation a levé le voile ce matin sur la manière dont seront choisis ces 11.000 "éclaireurs" qui l’achemineront jusqu’à Paris, aux côtés des 4 "super-ambassadeurs", Laure Manaudou, Florent Manaudou, Dimitri Pavadé, et Mona Francis.
Parmi les 11 0000 porteurs de la Flamme, 3 000 participeront à des relais collectifs, en équipe. 10. 000 personnes seront sélectionnées pour les JO et 1000 pour les Jeux paralympiques.
"On veut être dans le partage pour la sélection des candidats. Aller le plus loin possible dans le collectif", affirme Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des jeux.
Sur le principe, tout le monde peut se porter candidat à partir de 15 ans. Mais 3 critères principaux sont retenus : il s’agira de célébrer le sport, les territoires, et l’engagement collectif. La parité sera respectée. A noter que les élus ou les personnalités religieuses ne pourront pas être sélectionnés.
Pour valoriser le sport, le comité s’appuiera sur les 34 fédérations françaises des sports représentés aux JO. La France comptant 16 millions de licenciés, les candidats ne devraient pas manquer. Sportifs amateurs ou professionnels, coaches, dirigeants, arbitres ou bénévoles, les fédérations présenteront chacune leurs "collectifs" de 24 relayeurs de flamme.
"Il y aura un mélange de figures locales et nationales, de gens connus et inconnus"
Tony Estanguet, pdt COJO - Paris 2024
"Chaque fédération devra imaginer une manière de porter la flamme pour marquer les esprits. Un parcours en vélo, en fauteuil roulant, et pourquoi pas en surf ? On identifie des lieux et des manières de mieux incarner nos disciplines", explique Elie Patrigeon, directeur général du CPSF, représentant le mouvement des fédérations sportives, qui sont en train de finaliser leurs projets.
Les territoires, mairies, départements et régions, sélectionneront de leur côté leurs "éclaireurs" en fonction de leurs propres critères, degré d’implication, ce qu’ils apportent ou représentent, ou simplement des habitants qui veulent participer. Enfin les sélectionneurs garderont une place importante aux candidats engagés dans le milieu associatif, sur des thématiques sociales ou environnementales.
"Il y aura un mélange de figures locales et nationales, de gens connus et inconnus", précise Tony Estanguet, qui rappelle que le comité fera attention aux critères de parité, de génération, de diversité et de représentation du handicap. Un relais ouvert également aux étrangers qui ne résident pas en France.
Les sponsors en choisiront un tiers
Les entreprises partenaires, qui financent pour les deux tiers les événements du parcours dans les villes de passage de la flamme, proposeront également leurs sélections. Dès le 1er juin, les sponsors officiels, lancent leur campagne de recrutement. Partenaire depuis 1928 des JO, pour qui c’est une vitrine de taille, le groupe Coca-Cola lance un appel à candidature sur 300 millions de produits (bouteilles, canettes...) pour devenir relayeur. Chacun pourra déposer sa candidature dès le 17 Juillet, à un an des jeux. "On vise par exemple des gens ordinaires qui ont fait des choses extraordinaires", précise de son côté Laurent Buffard, du groupe bancaire BPCE, un des gros partenaires.
En tout, 11.000 éclaireurs seront sélectionnés pour les deux relais, celui des Jeux Olympiques, et celui des Jeux Paralympiques, plus court. Deux relais différents, "mais porteurs d’une même vision collective", précise Tony Estanguet.
Plateformes dédiées pour s'inscrire
Les sélections débuteront le 1er juin. Il faudra postuler sur une plateforme internet.
Les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne lanceront également leurs propres sélections. A partir du 17 juillet 2023 ce sera au tour de Coca-Cola. La sélection des porteurs de la Flamme se prolongera jusqu’au début de l’année 2024, moment où seront annoncés les heureux élus.
Chaque éclaireur, en uniforme, portera la flamme sur un tout petit parcours de 200 mètres à environ 4 kilomètre à l'heure en moyenne. Chaque relayeur portera la flamme pendant 4 courtes minutes.
Un moment bref, mais intense, qui se prépare longtemps à l’avance. L’expérience dure ainsi depuis le moment de la nomination et laisse des traces longtemps après, comme l'explique Luca Bertacchi. "La première fois, j’avais vraiment senti la différence entre voir la flamme et la toucher", assure-t-il. "C’est ma compagne, qui m’avait poussé à faire ça. La deuxième fois, j’ai voulu que ce soit encore plus fort. Au moment où elle-même portait la flamme, je me suis agenouillé sur son parcours et je l’ai demandée en mariage. Et c’est encore ma femme aujourd’hui."