Face aux prévisions de manque de personnels de sécurité aux prochains Jeux olympiques, l'Académie régionale espère motiver des jeunes étudiants en leur payant la formation et en leur donnant un accès gratuit à certains événements.
Près de 15 millions de spectateurs venus du monde entier assisteront aux centaines d'événements organisés pendant les 3 semaines des Jeux olympiques de Paris-2024. Mais, gros problème, il manquerait des milliers d'agents pour les sécuriser, 20 000 selon Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des Entreprises de Sécurité, affirmait-t-il début janvier à franceinfo.
La Région académique Île-de-France (qui regroupe les trois académies régionales) a trouvé une solution : mobiliser les jeunes. "Les services de l’État souhaitent former et recruter 3 000 étudiants et jeunes qui auront plus de 18 ans en juin 2024 dans les métiers de la sécurité privée pour la surveillance des abords des manifestations, ou encore le contrôle de sécurité à l’entrée des stades", expliquent-ils par communiqué.
Formation rémunérée
Les personnes intéressées obtiendront un certificat de qualification professionnelle spécifique obtenu après 3 semaines (dont une faite à distance). "La formation sera rémunérée à hauteur de 352 euros pour les moins de 26 ans et de 482 euros pour les plus de 26 ans et compatible avec des bourses. S'ils sont embauchés par des entreprises, ils pourront bénéficier de billets pour les JO paralympiques à la fin de l'été", indique Charline Avenel, rectrice de l'Académie de Versailles.
À l'issue de cette formation, rien ne les distinguera des autres agents de sécurité, sauf leur titre professionnel qui sera limité dans le temps, jusqu'à l'automne 2025. "Cette formation va se faire dans les établissements scolaires de la région qui font déjà des formations sur les métiers de la sécurité. La formation est spécifique pour les Jeux olympiques et a été validée par le ministère de l'Intérieur", ajoute-t-elle.
Des sessions sont déjà programmées dès avril à Bagneux (Hauts-de-Seine) et à Trappes (Yvelines) et se poursuivront l'été.
"On parle de gens qui vont être débutants"
Outre le critère d'âge, peu de critères ont été édictés. Il faut être de nationalité française ou avoir un titre de séjour en règle et avoir un casier judiciaire vierge. Ensuite, chaque prétendant peut postuler sur Pôle emploi et remplir un formulaire sommaire. Un conseiller se charge de rappeler le candidat.
Une décision qui ne ravit pas Patrick Bajic, secrétaire général du Syndicat National des Employés de la Prévention et de la Sécurité, le SNEPS-CFTC : "On parle de gens qui vont être débutants. On leur demande d'exercer comme des pros. Cela parce que l'on n'arrive pas à résoudre le problème de trouver des gens pour rejoindre notre profession".
Selon lui, il est "délicat de mettre des gens débutants sur ce type d'événements. Lorsqu'il y avait eu des attentats, le collègue qui avait arrêté le porteur d'une bombe était quelqu'un d'expérimenté. Il faut avoir une expérience de 'profiling' pour faire ce métier".
Manque d'attractivité de la profession
Comment expliquer un tel manque d'attractivité de la profession ? Ce responsable syndical identifie deux problèmes. D'abord, au niveau des appels d'offres jugés "surréalistes". "Il est demandé aux entreprises de s'engager bien avant sur le nombre de personnes qu'ils pourront fournir. Les engagements sont très contraignants, s'ils ne les respectent pas, les pénalités seront très fortes. C'est une très mauvaise manière de procéder", affirme-t-il.
Mais la profession pâtit aussi d'un manque d'attractivité criant "à cause de la rémunération, mais aussi des conditions de travail. Pour les agents de sécurité, il n'y a pas beaucoup de réglementations alors que certains sont agressés, blessés. On pourrait les faire travailler en binôme, c'est le cas des pompiers ou de la police."