Les kiosques à journaux entament une grève

Les kiosquiers parisiens entament, lundi 6 novembre, une grève reconductible. Depuis plus de vingt ans, leur nombre ne cesse de décroître. Et dans le métier, ceux qui sont encore là, ou arrivés depuis, luttent pour une survie de plus en plus hypothétique

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Peut-être faites-vous partie de ceux, de moins en moins nombreux, pour qui acheter son journal au kiosque à journaux reste un des menus petits plaisirs parisiens quotidiens. Mais c'est de plus en plus difficile. Difficile de trouver un kiosque encore en activité. Difficile de trouver un kiosque ouvert tous les jours ou presque. 

Beaucoup d'entre eux ont disparu depuis plus de vingt ans, mais ils font partie, pour ceux qui restent, du paysage et du patrimoine parisien. Pour ceux qui restent et sont ouverts, c'est une lutte, un combat quotidien pour la survie. Car les autres n'ont pas disparu par hasard.


#Crise de la presse


Au premier rang des causes de fermeture, il y a d'abord eu la crise de la presse. L'érosion des ventes de journaux, principalement des journaux quotidiens, bien sûr, qui constituait l'essentiel de la clientèle des kiosques et la certitude que le client reviendrait le lendemain, s'est accélérée à partir des années 1990 avec d'abord l'arrivée des journaux gratuits puis surtout celle de la presse distribuée en ligne, sur les sites d'information puis par les applications.

Puis la crise de la presse s'est accompagnée d'une restructuration de la distribution des journaux, elle aussi conséquence de la chute dramatique des ventes, mais aussi de l'arrivée de nouvelles méthodes de vente des journaux, comme aussi de la concentration des prestataires de la distribution et la restructuration globale des anciennes messageries de la presse (NMPP) devenues le géant Presstalis.


#Des journaux mais pas seulement


Pour les kiosquiers, chacune de ces transformations se traduit par une obligation, une contrainte supplémentaire.
Tout comme ils ont toujours été obligés d'accepter de vendre tous les journaux, quels qu'ils soient, sans distinction (c'est le prix de la démocratie), ils sont aussi contraints d'accepter de prendre en charge les gadgets et autres cadeaux ou opération de promotion, livres cadeaux que les journaux multiplient avec leur numéro pour tenter "d'appâter le client".

Leurs kiosques croulent sous les livres et objets qui accompagnent désormais les journaux. Et comme l'espace n'est pas extensible, les kiosquiers ne savent plus ou trouver la place. Sans compter le colossal travail de manutention que nécessite désormais la mise en place ou le remballage des journaux et de leur cortège de gadgets, offres spéciales et cadeaux.

Cerise sur le gâteau, si l'on peut dire : la facturation de ces journaux se fait à mesure et en temps réel, quand les retours donc le remboursement des invendus peut prendre des mois. D'où la necessité, pour le kiosquier, d'avoir une gestion quotidienne extrêmement rigoureuse.


#Gestion privée des kiosques


Devant la disparition très rapide des kiosques qui fermaient les uns après les autres, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, avait favorisé, au début des années 2000, la mise en place d'un système qui avait pour objectif d'aider les kiosquiers à continuer de vivre de cette activité. 
Mais la mairie de Paris a, depuis, sous-traité toutes les activités qui ne sont pas directement les rôles strictement administratifs ou politiques de la mairie. Il en va ainsi de tout ce qui se déroule sur la voirie. Donc, les kiosques. C'est désormais Mediakiosk JC Decaux qui est en charge de ce fonctionnement.
Et les préoccupations d'une entreprise comme Decaux ne sont pas exactement les mêmes que celles d'un gérant de kiosque à journaux parisien


#Trop c'est trop


Pourtant, c'est Decaux qui décide des emplacements des kiosques (avec la mairie), c'est Decaux qui décide aussi de leur autorisation ou pas de vendre autre chose que de la presse, comme c'est Decaux (ou quelque délégataire qui soit) qui décide de l'aménagement annexe du kiosque (toilettes, eau courante, chauffage etc...).

Si vous ajoutez à cela les inombrables travaux en cours sur les trottoirs de Paris pour le remplacement du chauffage urbain, de la desserte électrique ,de la distribution du gaz ou encore des prolongements du métro parisien, vous comprendrez pourquoi, cette fois, les kiosquiers n'en peuvent plus ! Ils entament ce lundi 6 novembre, une grève reconductible pour tenter de dire tout cela. En espérant qu'il y ait encore quelqu'un pour les entendre
©France 3 Paris

 

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