Président de l'université de 2002 à 2007, Pierre Lunel était poursuivi pour avoir embauché aux frais de Paris VIII des agents contractuels chargés d'organiser des festivals extérieurs à l'université.
L'ancien président de l'université Paris-VIII-Saint-Denis, Pierre Lunel, a été reconnu coupable mardi 6 mai 2014 de détournements de fonds par le tribunal correctionnel de Bobigny, qui a décidé d'ajourner le prononcé de sa peine. Pierre Lunel, président de l'université de 2002 à 2007, était accusé d'avoir embauché aux frais de Paris VIII des agents contractuels pour organiser des manifestations culturelles extérieures à l'université, dont il était partie prenante.
Le parquet avait requis lors de l'audience fin mars six mois de prison avec sursis à son encontre, 7.500 euros d'amende et une privation des droits civils et civiques de deux ans contre l'universitaire. Le tribunal l'a finalement condamné au civil à verser 13.000 euros de dommages et intérêts à l'université Paris VIII, mais a décidé de renvoyer le prononcé de la peine au pénal au 21 octobre, pour statuer en fonction du paiement effectif des 13.000 euros.
"C'est une sanction tout à fait modérée, qui a pris en considération la bonne foi du prévenu", a estimé l'avocat de M. Lunel, Léon-Lef Forster, qui estime que le renvoi "ouvre la voie à une dispense de peine". M. Lunel était notamment poursuivi pour avoir embauché, sur les fonds de la faculté, une jeune femme chargée d'organiser deux festivals extérieurs à l'université : Voix d'Afrique et "Piano folies", organisé à Enghien-les-Bains (Val-d'Oise) par une association qu'il présidait et pour laquelle il agissait en tant que directeur artistique. Lors de l'audience fin mars, l'universitaire et ancien délégué interministériel à l'insertion des jeunes, avait reconnu des "approximations" de gestion mais s'était défendu d'avoir voulu "détourner quoi que ce soit".
Le parquet de Bobigny avait ouvert plusieurs informations judiciaires en 2007, à la suite de plaintes déposées par le successeur de Pierre Lunel à la tête de l'université, Pascal Binczack. Celui-ci avait dénoncé la "gestion déficiente" de son prédécesseur, l'accusant notamment d'avoir financé sur les fonds de l'université des voyages à titre privé et des frais de bouche exagérés.
Auteur de biographies sur l'Abbé Pierre, Ingrid Betancourt ou le pape François, l'universitaire a publié en 2007 un pamphlet dénonçant les travers de l'université : "Fac, le grand merdier?". Un livre dont M. Lunel assure qu'il lui a "porté préjudice".
Un second volet de l'affaire, pour lequel l'ancien agent comptable de l'université est également poursuivi, sera jugé le 1er juillet.