La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé dimanche qu'une rue parisienne allait être nommée en hommage à Sarah Halimi, cette sexagénaire juive tuée par son voisin en 2017. Elle devrait se situer dans le quartier du Marais conformément aux propositions faites par la Ville à la famille.
La maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a annoncé ce dimanche qu'une rue de la capitale allait porter le nom de Sarah Halimi, cette sexagénaire juive sauvagement tuée par son voisin dans la nuit du 3 au 4 avril 2017. L’annonce a été faite lors d'un rassemblement de plusieurs milliers de personnes place du Trocadéro, venues dénoncer l'absence de procès dans l'affaire Halimi après la décision rendue le 14 avril par la Cour de Cassation. Celle-ci a déclaré l’irresponsabilité pénale de son meurtrier qui est hospitalisé en psychiatrie depuis son crime.
"On se sent tous une âme de Sarah Halimi. Il faut que sa mémoire puisse être honorée. C’est ce que nous ferons. Il y aura une rue Sarah Halimi (…) Ça sera aussi une façon de lui rendre justice, pas de lui rendre la vie, mais de lui rendre justice", a déclaré Anne Hidalgo, précisant par ailleurs que ce projet sera réalisé en accord avec la famille de la victime. Il faut en effet un accord en deux temps entre la Ville et la famille pour que la rue puisse voir le jour. Le premier consiste à recueillir le consentement qu’une rue portant le nom de la victime figure dans Paris. Le second, c’est l’accord sur le lieu où cette rue se dressera.
Où se situera cette rue ?
Contactée par France 3 Paris Île-de-France, Laurence Patrice, adjointe de la mairie de Paris en charge de la mémoire – au centre du projet – a confié qu’après avoir pris contact avec la famille, la future rue Sarah Halimi se situerait "dans le quartier du Marais (…) non loin de la crèche que Mme Halimi dirigeait". Cette crèche est située rue Vieille du Temple, près du Square Charles Victor Langlois. "On avait réfléchi au XIe arrondissement, où Mme Halimi habitait, ou le Marais. La famille a préféré la deuxième solution. La nouvelle rue se situerait dans une portion de rue dont on peut changer le nom sans que cela perturbe l’organisation de la voie publique", ajoute l’adjointe. Cette dernière a toutefois préféré ne pas apporter de détails supplémentaires tant que la décision n'est pas définitivement rendue par le Conseil de Paris.
Laurence Patrice préside également la commission de dénomination des voies, espaces verts et équipements publics municipaux. Composée d’élus parisiens ou de leurs représentants suivant les dossiers traités, elle est chargée d'examiner les voeux proposés et validés par la famille. "Idéalement, le lieu choisi a un rapport concret avec la personnalité proposée ainsi qu'avec son parcours et sa biographie. Adopté par les membres de la commission, validé par la maire de Paris, l’hommage public est ensuite présenté au vote des conseillers de Paris, dans le cadre des séances du Conseil de Paris", peut-on lire sur le site internet de la Mairie de Paris. Concernant Sarah Halimi, le vote aura lieu au mois de juin.
Les difficultés de nommer un endroit
Nommer, ou renommer, une voie ou une place est toutefois une mission délicate. Par le passé, de nombreux projets de baptême de rues avaient été proposés, se heurtant aux familles ou aux proches qui ne l’ont pas entendu de la même oreille. Il y a par exemple eu le cas du fils de Françoise Sagan – l’écrivaine – estimant que la rue du XIVe arrondissement qu’on lui avait proposé pour honorer sa mère était trop bruyante, et surtout trop large. Autre exemple, celui de Pierre Bergé, le compagnon d’Yves Saint Laurent. De son vivant, M. Bergé avait refusé les propositions qui lui avaient été soumises pour recevoir la plaque émaillée bleue « Yves Saint Laurent ». Le quartier ne convenait pas, la rue était à l'ombre, ou trop étroite, jamais assez belle, ni suffisamment majestueuse. Aujourd’hui, aucun endroit de Paris ne porte le nom du grand couturier.
Une autre potentielle difficulté concerne le fait de renommer une rue. Dans ce cas, les riverains domiciliés dans la rue en question devront faire une déclaration signalant un changement d’adresse. "Tout ce qui est lien avec la poste ou les autres administrations, c’est la Ville qui s’en occupe. Les gens donneront simplement leur nouvelle adresse", explique Laurence Patrice. Les riverains habitant le Quai Branly seront prochainement concernés par ce phénomène puisqu’une majeure partie de la voie changera de nom pour devenir le Quai Jacques Chirac. Dédié aux arts premiers, le musée du Quai Branly avait été ouvert en 2006 à l’initiative de l’ancien chef de l’État. Il porte également son nom depuis 2016. Le futur quai Jacques-Chirac se terminera place des Martyrs Juifs du Vélodrome d’Hiver, là où Jacques Chirac avait été le premier président à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.