La marche pour Adama Traoré, prévue samedi à Paris, interdite par la préfecture de police

La préfecture de police de Paris interdit par arrêté la marche en mémoire d'Adama Traoré prévue samedi 8 juillet à 15h, place de la République. Une trentaine de rassemblements de "deuil et colère" contre les violences policières sont organisés dans toute la France samedi.

La préfecture de police a pris un arrêté samedi 8 juillet dans la matinée pour interdire le rassemblement prévu à 15h place de la République, à Paris. Il était organisé pour les sept ans de la mort d'Adama Traoré, décédé lors de son interpellation par des gendarmes en 2016. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, explique que l'annonce du rassemblement a été trop tardive pour "mobiliser les effectifs et les moyens nécessaires pour sécuriser le rassemblement", et qu'elle ne respecte pas le délai des "trois jours francs". 

Cette interdiction est aussi justifiée par le fait que ce rassemblement intervient "dans un contexte tendu". "L'appel de nombreuses organisations ou groupements, parmi lesquelles des associations contestataires, à participer à ce rassemblement est susceptible d’attirer des éléments radicaux en vue de commettre des exactions et des actes de violences, notamment contre les forces de l’ordre", estime le préfet de police.

Il ajoute que deux autres rassemblements, pour la Palestine et l'Ukraine, sont également prévus samedi après-midi place de la République. "La concomitance de ces rassemblements sur cette même place rendrait particulièrement compliquée, périlleuse et dangereuse l'intervention" des forces de l'ordre, précise l'arrêté. 

"Une atteinte grave à la liberté de manifester" selon la LDH

Peu de temps après la publication de l'arrêté, Assa Traoré, sœur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, a indiqué sur Instagram sa volonté d'être tout de même présente place de la République à 15h.

"C'est une atteinte grave à la liberté de manifester", a dénoncé samedi sur franceinfo Patrick Baudouin, président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). "On nous dit qu'il y avait des risques de débordement, je pense qu'ils n'existaient pas", a estimé le président de la LDH, "la seule réponse apportée par le pouvoir à la suite du meurtre du jeune Nahel est une réponse autoritaire, d'ordre, une réponse répressive [...] le risque d'affrontements est bien plus important du fait que l'on interdise ces rassemblements, inévitablement cela va susciter de la colère". 

Une première marche interdite dans le Val-d'Oise

Assa Traoré avait indiqué vendredi qu'elle serait présente "samedi à 15h place de la République", après l'interdiction d'une marche commémorative à Persan et Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d'Oise. 

Les juges des référés avaient motivé leur décision par le "contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel", 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. Ces derniers "ont estimé que, bien que les violences aient diminué ces derniers jours, leur caractère extrêmement récent ne permet de présumer que tout risque de trouble à l'ordre public ait disparu", a fait valoir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.

Assa Traoré avait alors affiché son incompréhension sur les réseaux sociaux. "Le comité Adama marche chaque année depuis sept ans, depuis la mort d'Adama Traoré le 19 juillet 2016 entre les mains des gendarmes de Persan. [...] Depuis sept ans, après chaque marche, la préfecture se dit satisfaite de la manière dont le comité Adama gère l'événement. Pourquoi cette défiance aujourd'hui ?", a-t-elle écrit sur son compte Instagram vendredi. 

Des marches dans toute la France pour exprimer "deuil et colère"

Une trentaine d'autres manifestations contre les violences policières ont été répertoriées en France. Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces "marches citoyennes", pour exprimer "deuil et colère" et dénoncer des politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires. Ces organisations, mobilisées "pour le maintien des libertés publiques et individuelles", demandent "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement".

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont "la seule proposition", selon lui, est "d'appeler à manifester [...] samedi dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages". Il a particulièrement pointé la responsabilité des élus, dont ceux de la France insoumise, qui avaient appelé à se joindre à la marche interdite de Beaumont, les accusant de sortir "de l'arc républicain".

Autorisation de la vidéosurveillance par drone dans certaines communes

Depuis le 7 juillet à 18h, jusqu'au lundi 10 juillet à 6h, un arrêté préfectoral autorise la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de drones par la préfecture de police à Paris, dans certaines communes des Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis, en raison du contexte de violences urbaines. 

Une marche, organisée par SOS Racisme en soutien à la famille de Nahel, doit se tenir samedi à partir de 14h à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Le préfet du département a décidé d'autoriser la direction départementale de la sécurité publique des Yvelines à recourir à la captation, à l’enregistrement et la transmission d’images au moyen de deux caméras installées sur deux drones, a-t-il fait savoir dans un communiqué. 

Une décision prise "compte tenu des troubles à l’ordre public survenus sur la commune de Mantes-la-Jolie au cours de l’épisode de violences urbaines de la semaine précédente, provoquant des dégradations dont l’incendie de la mairie annexe du quartier du Val-fourré", est-il précisé. 

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