Pour Adama Camara, à la tête de l'association SADA, le dialogue avec les jeunes issus des quartiers sensibles est une priorité pour apaiser une situation désormais très tendue.
"J'ai un sentiment de grande tristesse, comme tous les citoyens", déclare Adama Camara sur le plateau de France 3 Paris Île-de-France alors que des violences urbaines secouent l'Île-de-France depuis mardi. Depuis sa sortie de prison il y a quatre ans, l'homme de 35 ans, originaire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), intervient auprès des jeunes issus des quartiers sensibles pour les sensibiliser à sa lutte contre les rixes.
Depuis le décès de Nahel mardi dernier à Nanterre, tué par un tir policier, les incidents se multiplient partout en France, et particulièrement en région parisienne, berceau de la contestation. À Garges-lès-Gonesse, la mairie a été incendiée, à La Verrière, deux écoles ont été détruites, à Evry-Courcouronnes c'est le commissariat qui est devenu la proie des flammes.
Pour Adama Camara, ces événements, au-delà de la mort de Nahel, sont la conséquence d'un trop-plein. "Je pense que c'est une frustration de beaucoup d'années de colère", explique-t-il.
Pour les jeunes, des conséquences encore invisibles
Pour tenter d'apaiser les esprits, Adama Camara part à la rencontre de ces jeunes pour échanger avec eux. "On essaie de parler, de leur faire comprendre que ça ne sert à rien. Autant se calmer, on peut aider la famille autrement". Alors qu'il lui a été demandé d'intervenir en soirée pour tenter de calmer les émeutiers, l'homme à l'origine du projet "Descente de mots" a des réserves : "Je pense que c'est un peu tendu. Il est difficile d'arrêter un troupeau qui charge", raconte-t-il au 12/13.
"On parle aux jeunes la journée, pour leur dire que les conséquences (des saccages, ndlr) ils vont les subir plus tard. Là, ils sont dans le feu de l'action, ils ne calculent pas mais quand on brûle une école ou un centre commercial dans deux semaines on en aura besoin, ou dans deux mois".
L'effet "réseaux sociaux"
Pour Adama Camara, la similitude avec les émeutes de 2005 est indéniable, avec une différence de taille toutefois, la présence des réseaux sociaux, "qui amplifient tout". "Ça va être compliqué d'apaiser les esprits. Le policier (qui a tiré sur Nahel,ndlr) est incarcéré et c'est normal car il a commis une faute. Mais combien de familles demandent encore la justice ?"
Incarcéré pour avoir voulu venger la mort de son frère survenue en 2011, Adama Camara agit désormais auprès des jeunes avec son association SADA, prénom de son petit frère et initiales pour "Solidaires agissons dès aujourd’hui". Alors qu'il appelle à l'apaisement, il déplore l'attitude de certaines personnalités politiques "qui ne prennent pas leur responsabilité en ne faisant pas d'appels au calme".
Jeudi, suite à la marche blanche qui se déroulait à Nanterre en hommage à Nahel, des affrontements entre certains participants et des forces de l'ordre ont éclaté en marge du cortège.