La "Victoire de Samothrace", l'une des stars du Louvre, va quitter son escalier monumental pour se refaire une beauté: elle ne sera plus visible des visiteurs à partir de mardi. Mais le public pourra lui déclarer sa flamme en faisant un don pour sa restauration.
Le Louvre lance mardi un appel aux dons individuels, en espérant réunir 1 million d'euros d'ici le 31 décembre, pour financer une partie du vaste et complexe chantier de restauration autour de la statue grecque et de l'escalier Daru. Icône du Louvre avec la Joconde et la Vénus de Milo, cette statue ailée en marbre, d'époque hellénistique, trône depuis 1883 sur le palier de l'escalier conçu sous Napoléon III.
A partir de mardi 3 septembre, elle sera cachée par un échafaudage, en préparation de son levage, explique à l'AFP Ludovic Laugier, ingénieur d'études au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre. Puis elle sera déplacée une semaine plus tard dans une cabine de restauration installée dans une salle voisine. Elle devrait réintégrer ses pénates à l'été 2014.
Par la même occasion, le Louvre va engager la restauration du grand escalier emprunté chaque année par quelque sept millions de personnes (70% des visiteurs). "Nous allons procéder sans jamais fermer cet accès majeur", souligne M. Laugier. Ces travaux s'étaleront jusqu'en mars 2015.
Le budget global du chantier s'élève à quatre millions d'euros. Le Louvre a déjà réuni trois millions grâce au mécénat (Nippon Television Holdings, Fimalac, Bank of America Merrill Lynch). Mais il lui manque encore un million d'euros, que le musée espère récolter par cet appel aux dons individuels dans le cadre d'une nouvelle campagne "Tous mécènes" d'une durée de quatre mois.
La restauration de la "Victoire de Samothrace", qui date du IIème siècle avant Jésus Christ, sera "entourée de beaucoup de précautions" et placée sous l'oeil d'une commission internationale d'experts, précise M. Laugier. Découverte en 1863 en plusieurs morceaux sur l'île grecque de Samothrace (nord-est de la mer Egée), la statue représente Niké, la déesse messagère de la victoire. Remontée au Louvre entre 1880 et 1884, elle pose le pied sur une base en forme de proue de navire posée sur un socle. La statue mesure 2,75 mètres. L'ensemble fait 5,57 mètres de haut et pèse trente tonnes environ.
"C'est une sculpture virtuose, par un génie anonyme. Les ailes de la déesse sont en train de se replier. Le souffle marin soulève son vêtement", soulignait en janvier Jean-Luc Martinez, le nouveau patron du Louvre, qui était alors directeur du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Il est l'un des commissaires de la restauration. La tête n'a jamais été retrouvée mais une de ses mains a été découverte lors de fouilles. L'aile droite de la statue a été refaite en plâtre à la fin du XIXè siècle tout comme son sein gauche. Ces ajouts ne sont pas remis en cause. Le Louvre veut nettoyer la statue qui est devenue très sale, presque marron, notamment en raison du vieillissement du badigeon qui la recouvre. Cela permettra de retrouver le contraste entre le marbre blanc de Paros de la statue et le marbre gris du navire.
Les particuliers et les entreprises sont invités à faire un don en ligne (déductible des impôts), sur www.louvresamothrace.fr ou www.tousmecenes.fr à partir de mardi 3 septembre. Les précédentes campagnes du Louvre (en 2010 pour acheter "Les Trois Grâces" de Cranach, en 2011 pour restaurer des "trésors" architecturaux du Caire et en 2012 pour acquérir deux statuettes médiévales en ivoire) ont toutes été couronnées de succès.