Après 12 ans passés à la tête du Louvre, son puissant patron Henri Loyrette a annoncé lundi qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat et quitterait le musée en avril afin de "se consacrer à de nouvelles activités".
Le président-directeur du Louvre, 60 ans, "a informé le président de la République et la ministre de la Culture de son choix de ne pas se porter candidat à un nouveau mandat", a indiqué le Louvre.
"Après bientôt quarante années consacrées au monde des musées et après avoir mené à leur terme deux grands chantiers qu'il a initiés, les nouveaux espaces consacrés aux Arts de l'Islam et le Louvre-Lens, Henri Loyrette souhaite à présent se consacrer à de nouvelles activités et laisser le Louvre ouvrir une nouvelle page de son histoire", explique le musée.
"Il s'agit d'un choix personnel. Henri Loyrette a envie de faire autre chose, toujours au service de l'Etat", a précisé son entourage. La course à sa succession est désormais ouverte. Le Conservateur général du patrimoine, spécialiste du XIXème siècle (Impressionnisme, Degas, Mane , Cézanne, Daumier), Henri Loyrette a été directeur du musée d'Orsay de 1994 à 2001 avant de prendre les rênes du Louvre.
L'année de son arrivée, en 2001, le Louvre accueillait 5,1 millions de visiteurs. Henri Loyrette va partir en ayant presque doublé la fréquentation du plus grand musée du monde en nombre de visiteurs. L'année 2012 devrait marquer "un nouveau record historique" de fréquentation "avec près de 10 millions de visiteurs", contre 8,8 millions en 2011, a indiqué le Louvre. Cinquante pour cent des visiteurs sont âgés de moins de 30 ans.
Abou Dhabi
Du haut de son 1,96 mètre, Henri Loyrette a piloté avec énergie et détermination le grand vaisseau du Louvre, en professionnel de l'art mais aussi en chef d'entreprise soucieux d'accroître les ressources propres du musée. Henri Loyrette a fait entrer l'art contemporain au Louvre par une politique de commandes d'oeuvres auprès de grands artistes (Cy Twombly, Anselm Kieffe, François Morellet) et par des expositions parfois audacieuses. Il a développé les acquisitions d'oeuvres, notamment grâce à une politique active de mécénat, n'hésitant plus à se tourner avec succès vers les particuliers pour acheter certaines oeuvres.
L'automne a été particulièrement intense pour cet homme hyperactif avec l'ouverture du nouveau département des Arts de l'Islam et son voile mordoré qui flotte désormais sur la Cour Visconti, près de la Seine. Ces nouveaux espaces ont coûté 100 millions d'euros, financés à 57% par du mécénat d'Etats étrangers et des entreprises.
Henri Loyrette a attendu l'ouverture du Louvre-Lens (12 décembre), un des projets qui lui tenait particulièrement à coeur et sur lequel il travaillait depuis 2004, pour annoncer sa décision de ne pas être candidat à sa succession.
Il ne verra pas en tant que patron du Louvre l'ouverture du projet le plus polémique de sa carrière au musée: le projet du Louvre Abou Dhabi. Ce musée, qui doit ouvrir en 2015 dans un bâtiment conçu par l'architecte français Jean Nouvel, avait suscité au départ de très vives critiques dans les milieux de l'art français.
Il s'agira d'un musée "universel", conçu et mis en oeuvre par la France. Le nom Louvre sera cédé pour trente ans. L'établissement émirati se verra prêter des oeuvres d'art par les musées français, notamment Le Louvre. D'une durée de 30 ans, l'accord prévoit que les Emirats arabes unis verseront
en contrepartie une somme totale d'environ un milliard d'euros dont 400 millions pour le musée du Louvre.