En février 2022, une femme âgée de 34 ans avait déposé plainte dans un commissariat parisien pour une agression sexuelle. Un policier lui avait ensuite laissé un message sur son répondeur pour qu'elle vienne compléter sa plainte. Croyant avoir raccroché, il l'avait traité de "pute".
La plainte contre le policier a d'abord été classée par le parquet de Paris car "les propos avaient été tenus sans volonté de les porter à la connaissance de la plaignante". Finalement, le parquet de Paris a demandé mi-avril un procès pour un policier accusé d'avoir traité de "pute" une plaignante pour agression sexuelle.
En février 2022, la jeune femme alors âgée de 34 ans avait déposé une première plainte dans un commissariat parisien pour "agression sexuelle en état d'ivresse", entraînant l'ouverture d'une enquête, révélée par Mediapart.
Un policier lui avait laissé un message sur son répondeur pour qu'elle vienne compléter sa plainte.
Croyant avoir raccroché, on entendait le fonctionnaire plaisanter, puis ajouter : "C'est vraiment une pute. (...) Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. Comme par hasard. En fait c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (...) Putain, grosse pute", concluait-il, avant que le combiné ne soit bien raccroché.
Un débat doit avoir lieu devant la justice
Saisi de ces faits après une nouvelle plainte, une juge d'instruction a mis le policier en examen le 3 janvier. Dans ses réquisitions du 19 avril, le parquet de Paris renouvelle son appréciation selon lesquels le policier parlait "à titre confidentiel à ses collègues et sans intention de porter (ses propos) à la connaissance de la plaignante", mais estime que comme cette infraction relève du droit de la presse, le débat au fond ne peut avoir lieu que devant le tribunal.
Il demande donc un procès devant le tribunal de police pour "injure non publique en raison du sexe".
La décision finale sur une audience appartient au juge d'instruction.
Critiques sur la prise en charge des victimes
Sollicité par l'AFP, l'avocat du policier, qui a reconnu les faits au cours de l'enquête, n'avait pas réagi samedi.
Cette affaire avait suscité de nombreuses critiques sur la prise en charge par les forces de l'ordre des victimes de violences sexuelles.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait estimé que le policier n'avait "plus sa place" dans la profession, tandis que l'ex-préfet de police Didier Lallement avait saisi la "police des polices" (IGPN).
"Le parquet avait classé sans suite sans même interroger ma cliente. Le chemin judiciaire sur les violences sexuelles et sexistes ne passe pas par le parquet", a estimé Me Arié Alimi. Sur l'agression sexuelle elle-même, l'avocat a indiqué avoir demandé qu'un juge d'instruction soit saisi.
Source : AFP