Agression de Prisca Thevenot et de son équipe dans les Hauts-de-Seine, militants de Danielle Simonnet frappés à Paris, tracts racistes dans les Yvelines... Alors que les violences verbales et physiques se multiplient depuis le début de la campagne des législatives, pourquoi le climat politique se tend-il ?
"La violence n’est jamais la réponse", dénonce-t-elle sur X. Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement et candidate dans les Hauts-de-Seine, a été prise à partie par un groupe de jeunes individus, alors qu’elle accompagnait un groupe de militants Renaissance lors d’une opération de collage d’affiches mercredi. "Suite à l’agression que j’ai subie hier avec Virginie et notre équipe de campagne, je tiens à remercier les forces de l’ordre et les sapeurs pompiers", écrit-elle également, affirmant qu’elle allait terminer sa "campagne sur le terrain".
Les faits sont survenus à Meudon. Prisca Thevenot, dont la suppléante a été blessée, a déposé plainte. Une enquête a été ouverte en flagrance pour violences commises en réunion avec arme, et violences sur un élu public en réunion et avec arme. L’affaire est confiée à la direction territoriale de la sécurité de proximité (DTSP) des Hauts-de-Seine.
Suite à l’agression que j’ai subie hier avec Virginie et notre équipe de campagne, je tiens à remercier les forces de l’ordre et les sapeurs pompiers.
— Prisca THEVENOT (@priscathevenot) July 4, 2024
Merci également à tous pour vos soutiens♥️
La violence n’est jamais la réponse.
Je terminerai ma campagne sur le terrain.
Prisca Thevenot a notamment reçu le soutien du Premier ministre Gabriel Attal. "La violence et les intimidations n’ont pas leur place dans notre démocratie. Elles n’ont pas leur place dans notre République… Rejetons le climat de violence et de haine qui s’installe. J’appelle au sursaut, maintenant", écrit-il sur X.
Ce soir, une candidate, Prisca Thevenot, et des membres de son équipe de campagne ont été agressés par quatre individus à Meudon alors qu’ils collaient des affiches électorales.
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) July 3, 2024
La violence et les intimidations n’ont pas leur place dans notre démocratie.
Elles n’ont pas leur…
"Rien ne justifie la violence, jamais. Souhaitons que tous les coupables soient retrouvés et jugés", réagit par ailleurs l’écologiste Marine Tondelier.
J'apprends à l'instant l'agression de @priscathevenot et de ses militants ce soir à Meudon. J'apporte mon soutien aux victimes.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 3, 2024
Rien ne justifie la violence, jamais.
Souhaitons que tous les coupables soient retrouvés et jugés.
Jean-François Copé, le maire LR de Meaux, en Seine-et-Marne, apporte également son soutien à la porte-parole du gouvernement lors d’un entretien sur TF1 : "La violence est malheureusement omniprésente dans cette campagne. La violence dans les mots, et la violence dans les actes… On est rentré dans un processus infernal de radicalisation." L’élu pointe du doigt la dissolution de l’Assemblée, "une décision complètement folle qui a désorienté les Français et ouvert les passions les plus viles des partis extrémistes".
"Partout une parole raciste, sexiste et LGBTphobe se libère"
À Paris, Danielle Simonnet (LFI), la députée sortante de la 15e circonscription de Paris, dénonce également l’agression de trois de ses militants lors d’un collage d’affiches dans le 20e arrondissement de la capitale, mardi soir. L’élue a organisé un rassemblement contre l’extrême droite mercredi, à l’occasion du dépôt d’une plainte.
"On a l’impression que les militants d’extrême droite s’autorisent des actions violentes, en sentant le RN aux portes du pouvoir", réagit Danielle Simonnet. "Les trois colleurs ont subi une agression d’une extrême violence. Ils se sont fait sauter dessus alors qu’ils recollaient des panneaux. Ils ont été frappés et se sont retrouvés à terre. L’un des agresseurs avait un pistolet à poivre et a visé l’un des colleurs au visage, à bout portant. Ça a duré 10 longues minutes, les militants d’extrême droite ont fui en courant au passage d’une voiture de police, qui a permis l’arrivée des pompiers", raconte-t-elle.
"Depuis le début de cette campagne, il y a une ambiance très tendue, très particulière, poursuit la députée sortante. Tous les jours mes affiches sont graffitées avec la même bombe noire sur le visage. C’est organisé et systématique, ce n’est pas comme en temps normal quand des citoyens lambda s’énervent devant un panneau. J’ai aussi de nombreux échos de violences dans d’autres villes en Île-de-France et dans le pays. Des insultes, des permanences ciblées… Partout une parole raciste, sexiste et LGBTphobe se libère. C’est directement lié à la montée du RN."
Danielle Simonnet espère que "les auteurs seront identifiés, retrouvés et que les groupuscules d’extrême droite seront démantelés". "Les enquêtes doivent aboutir, on est en république. En démocratie, on règle nos différends dans les urnes", souligne l'élue.
Dans les Yvelines, Sébastien Ramage, candidat du Nouveau Front Populaire dans la 1ère circonscription du département, dénonce également des violences. "Ma directrice de campagne s’est fait agresser par un sympathisant RN. Celui-ci après avoir crié 'vive Bardella' lui a asséné un coup au visage. Plusieurs témoins, une plainte a été déposée. La violence d’extrême droite se libère dans le pays", écrit-il sur X.
Ma directrice de campagne s’est faite agressée par un sympathisant RN. Celui-ci après avoir crié “vive Bardella” lui a asséné un coup au visage. Plusieurs témoins, une plainte a été déposée.
— Sébastien Ramage (@sebramage) July 4, 2024
La violence d’extrême droite se libère dans le pays.
Un seul mot d’ordre : résistance.
Une "hystérisation du débat public"
Au-delà des candidats et de leurs équipes, des témoignages font aussi état d'une multiplication d’incidents et d’insultes racistes. À Chatou, dans les Yvelines, plusieurs habitants ont reçu mi-juin des tracts racistes visant des personnes noires, déposés dans des boîtes aux lettres ou sur des pare-brise.
"C’est une feuille A4, le message indique 'Stop aux blacks' et s’adresse au maire, raconte Steven, l’un des habitants ciblés par le tract. Je suis une personne de couleur, l’auteur du tract a dû me voir sortir avec mon fils. Quand j’ai retrouvé le message sur ma voiture, j’ai regardé autour, je n’ai vu personne. Mais je me dis que lui a dû me voir. C’est très choquant et inquiétant."
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"Dans la rue, ma voiture était la seule visée, témoigne-t-il. C’est arrivé juste après la dissolution de l’Assemblée. C’est clairement lié à la montée du RN. Il y a une montée de la parole raciste. J’ai porté plainte, deux autres personnes également. On n’a pas eu directement le soutien du maire, mais je suis content aujourd’hui, une enquête de police est ouverte."
"Tous les habitants doivent être au courant, c’est dangereux. Il faut retrouver l’auteur. Je suis inquiet pour ma famille et pour toutes les personnes noires à Chatou, et partout en France. Chaque jour, c’est de pire en pire, c’est horrible", ajoute Steven.
Contacté, le procureur de la République de Versailles confirme les trois plaintes et l’ouverture d’une enquête. La Ville a également déposé une main courante. "Le tract a été diffusé à un nombre très réduit d’exemplaires dans la ville, de manière extrêmement ciblée, explique d’ailleurs le maire DVD Eric Dumoulin. C’est aussi ça qui fait sa caractéristique, au-delà de son caractère ouvertement raciste et délirant."
"Ce tract cible des personnes de couleur. Je pense que ça alimente l’hystérisation du débat public et politique depuis quelques semaines. Il y a certainement un rapport plus ou moins direct avec la situation politique actuelle. C'est dramatique", souligne l’édile.
Dimanche soir, le gouvernement se prépare à de possibles troubles à l'ordre public, sans toutefois que ceux-ci soient clairement identifiés, rapporte l'AFP. Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a annoncé la mobilisation de 30 000 policiers et gendarmes "dont 5 000 à Paris et sa banlieue" pour le second tour.