Alors que le Rassemblement National réalise une percée en Essonne et arrive en tête dans la majorité des circonscriptions de Seine-et-Marne à l’issue du premier tour des législatives anticipées, certains Franciliens s’inquiètent face à l’essor de l’extrême droite.
A Paris, où la gauche a fait carton plein au premier tour des élections législatives anticipées, les électeurs ont très peu voté pour le RN. Ce lundi dans les rues de la capitale, au lendemain des résultats, certains habitants expriment leurs inquiétudes face à la montée de l’extrême droite au niveau national.
"Je m’y attendais, mais ça me terrifie, réagit Pascale, une ancienne enseignante. Pour l’école, la justice, le droit des femmes, la liberté de la presse et la liberté d'expression. L’extrême droite fait très peur. Il y a probablement un vote de désespérance, avec le pouvoir d’achat. Une partie du vote est profondément raciste, mais j’espère que ce n’est pas la majorité. En tout cas je suis très déçue, ce n’est pas le pays dans lequel j’ai envie de vivre. Ce ne sont pas les valeurs que je défends."
"Je ne suis pas choqué, c’était prévisible, mais cette montée en puissance du RN fait peur, indique Paul, un autre Parisien croisé à Montmartre. L’extrême droite est banalisée dans beaucoup d’endroits visiblement. Quand tu habites à Paris, les gens que tu côtoies ne reflètent pas forcément l’opinion de la majorité française. Il y a un côté 'bulle', donc on ne mesure pas totalement une telle popularité. Après je ne suis pas très politisé, mais j’ai l’impression que beaucoup de choses ne pourront pas être mises en place. J’ai du mal à croire que du jour au lendemain on puisse revenir sur le droit du sol par exemple."
Suzanne, 94 ans, se dit moins inquiète : "J’ai bien peur que le résultat soit catastrophique au second tour. Mais il ne faut pas exagérer, j’ai connu la guerre, je suis arrivée à Paris en 1938. Peut-être que les gens seront contents avec le RN, ils auront un nouveau gouvernement, ça va changer, on verra. Comme tout le monde, je ferai avec."
Le RN en tête dans de nombreuses circonscriptions en Seine-et-Marne et en Essonne
Du côté des personnalités politiques, de nombreux candidats de gauche ont pointé du doigt les dangers qu'impliquerait l’arrivée au pouvoir du RN. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, réélu au premier tour dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne, a dénoncé sur X le "péril imminent d’une majorité d’extrême droite". Sur franceinfo, il a également accusé le parti de "libérer" et "cautionner" des "dynamiques racistes".
« Rentre à la niche », lancé à une femme noire, ce n’est pas raciste ? Comparer quelqu’un à un animal, ce n’est pas raciste ? Jean-Philippe Tanguy l'a démontré ce matin : le RN est incapable de s’exprimer clairement sur les dynamiques racistes qu’il libère et cautionne. pic.twitter.com/eTT0nUG8rH
— Olivier Faure (@faureolivier) July 1, 2024
Sabrina Ali Benali, investie par La France Insoumise face à la candidature dissidente du député sortant Alexis Corbière dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, était émue face à la montée du RN. Dimanche soir, au micro de France 3 Paris Île-de-France suite à l’annonce des résultats du premier tour, elle a dit avoir peur "pour ses filles", "pour qu'elles ne reçoivent jamais les horreurs que je reçois et que je lis". Médecin de profession, elle raconte être visée par des insultes racistes de la part de patients. "'Sale arabe', 'Rentrez dans votre pays'… On vous assimile à des terroristes", dénonce-t-elle.
En Île-de-France, de nombreux électeurs ont toutefois voté pour le RN. Le parti d’extrême droite arrive en tête dans sept circonscriptions sur 11 en Seine-et-Marne au premier tour. En Essonne, le RN réalise aussi une percée, atteignant le second tour dans huit circonscriptions. Le parti arrive par ailleurs en tête dans une circonscription des Yvelines.
Avec Elise Ferret.