Des centaines de taxis ont participé ce lundi à une opération escargot autour de Paris, à l’appel de plusieurs syndicats franciliens. Les chauffeurs se sont ensuite donné rendez-vous devant le siège de l’Assurance maladie, pour dénoncer une nouvelle tarification du transport sanitaire.
Des taxis franciliens ont organisé un cortège vers la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) ce lundi matin, avec une opération escargot à l’appel de plusieurs syndicats de l’Essonne et de Seine-et-Marne. Ils pointent du doigt le projet de loi de finance de la sécurité sociale, et protestent contre une nouvelle convention avec l’Assurance maladie qui prévoit notamment de réduire les tarifs des transports de patients.
De quoi provoquer des difficultés de circulation sur l’A4 et l’A6 selon Sytadin.
FLASH/ Circulation difficile sur l'A6 vers paris https://t.co/i1QCnkHKn3
— Sytadin (@sytadin) November 25, 2024
"C’est bien bouché", raconte Sergio Coutinho, président du Syndicat des Artisans Taxi de l'Essonne (SATE 91), contacté au cours de l’action. Il indique que 250 chauffeurs ont participé à l’opération, pour ce qui est de son département. Les taxis ont ensuite convergé vers le siège de la Cnam, situé porte de Montreuil, dans le 20e arrondissement, à l’occasion de la réception des représentants des fédérations dans le cadre de négociations.
"On ne peut pas perdre de l’argent en roulant"
"Avec cette nouvelle convention, on veut nous imposer une baisse de nos tarifs, affirme Sergio Coutinho. Tout ça va faire chuter notre chiffre d’affaires. C’est inadmissible, on veut toujours taper sur les taxis alors qu’on ne représente qu’une petite partie des dépenses de la sécurité sociale."
"Le transport médicalisé est destiné à certains patients qui ne peuvent pas se rendre autrement à des consultations. Mais il y a de tout : des radiothérapies, des chimiothérapies… J’ai par exemple un client régulier qui doit faire plusieurs fois par semaine des dialyses. Parfois les consultations sont longues, parfois il y a des retards ", raconte le chauffeur et responsable syndical.
"On est prêt à faire des efforts avec des remises raisonnables, mais à un moment on ne peut pas perdre de l’argent en roulant. On peut aussi faire des efforts sur les transports partagés, tout le monde y gagne, poursuit-il. Mais il faut que ça soit plus structuré. Les patients ne sont pas du bétail. On ne peut pas se permettre de faire attendre certains patients avec des traitements lourds plus d’une heure, le temps de déposer d’autres personnes et de faire un crochet."
La Cnam met en avant "une tarification plus juste et efficace"
"Nous ne sommes pas des chauffeurs Uber, dénonce par ailleurs Bekir Cihan, un artisan taxi présent lors de l’action. Nous sommes des taxis. Que les choses soient claires : nous avons un compteur, nous voulons travailler avec notre réglementation. Et nous voulons que les patients soient choyés comme nous les choyons depuis tant d’années. Pour économiser sur la sécu', ils veulent nous mettre à genoux. S’il y a vraiment besoin de faire des économies, qu’ils aillent les faire ailleurs."
Contactée, la Cnam confirme que les discussions autour de la nouvelle convention cadre nationale - débutées en janvier dernier - se poursuivent. D’après nos échanges, l’Assurance maladie explique vouloir assurer "un meilleur accès aux soins pour les assurés" avec notamment une meilleure réparation des transports sanitaires sur le territoire, les départements étant "plus ou moins bien dotés" selon les tarifs négociés au niveau local.
La Cnam - qui évoque des dépenses de transports en hausse et "une rentabilité assez élevée" pour les taxis - dit vouloir "une tarification plus juste et efficace", avec une certaine "harmonisation" au niveau national. L’Assurance maladie souhaite également lutter contre "les non-sens économiques et écologiques du système actuel qui favorisent les retours à vide des taxis". Face à certains arguments des taxis, la Cnam dit aussi proposer "des majorations et des forfaits". La nouvelle convention est censée s’appliquer de 2025 à 2029.
Avec Isabelle Dupont et Isabelle Audin.