Les taxis volants électriques pourront bien voler à titre expérimental au-dessus de Paris pendant les JO et les JOP, véritables vitrines pour cet aéronef. Le Conseil d'Etat a rejeté le recours en justice de la mairie de Paris qui s'oppose à leur expérimentation.
La plus haute juridiction administrative vient de donner son feu vert pour l'expérimentation des taxis volants pendant les jeux olympiques et jusqu'à la fin du mois de décembre.
Cette décision est une mesure d'urgence, donc provisoire, en attendant une audience au fond qui devrait intervenir à l'automne. La juge des référés balaie la série d'arguments avancés par les opposants au projet. Elle estime notamment, contrairement à eux, qu'il n'était pas nécessaire de consulter l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) pour ce projet expérimental et donc à durée limitée, qui comprend déjà plusieurs restrictions : horaires d'exploitation de l'hélistation "entre 8 heures et 17 heures" et le nombre de vols "à deux mouvements par heure et à 900 vols sur la totalité de l'expérimentation".
Abberration écologique ?
Le ministère des Transports avait autorisé début juillet la création d'une "hélistation" ou plateforme permettant le décollage et l'atterrissage des taxis volants située sur la Seine au niveau d'Austerlitz, dans l'est de la capitale, et son "ouverture à la circulation aérienne publique".
La mairie de Paris avait aussitôt annoncé un recours en justice contre ce projet controversé qui a suscité l'hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l'opposition, voyant notamment dans le projet une "aberration écologique".
Les opposants au projet critiquent aussi le fait que l'étude environnementale ne porte que sur l'environnement immédiat de l'hélistation et n'évalue pas l'impact plus général du survol, un argument là aussi balayé par le Conseil d'Etat.
L'Autorité environnementale avait également appelé ADP, le gestionnaire des aéroports franciliens, à "reconsidérer le périmètre du projet et celui de l'analyse de ses effets pour en apprécier pleinement les conséquences sur les populations affectées et l'impact éventuel sur le milieu naturel".
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Réactions des pour et des contres
La municipalité a pris "acte de la décision et continuera d'alerter sur cette aberration écologique et demande au ministre des transports d'abandonner ce projet", a déclaré ce mercredi l'adjoint à la Transition écologique, Dan Lert.
"Je me réjouis de la décision du Conseil d'État. J'aimerais bien qu'on puisse expérimenter ce nouveau type de déplacement, ce nouveau type de mobilité", a commenté de son coté le ministre délégué chargé des Transports, Patrice Vergriete. "Pourquoi on a envie de l'expérimenter ? Parce que je pense que demain ça peut peut-être sauver des vies", a-t-il poursuivit.
L'entreprise Volocopter s'est dite "satisfaite" de la décision du Conseil d'Etat. Sollicité par l'AFP, le gestionnaire d'aéroports n'a pas été en mesure de réagir dans l'immédiat.
Volocity, un aéronef éléctrique
ADP s'est associé dans ce projet à la région parisienne et à l'entreprise allemande Volocopter, qui fabrique le "Volocity", censé incarner les ambitions de verdissement de l'industrie aéronautique polluante.
L'aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit.
L'objectif de ces vols expérimentaux est de profiter des JO pour démontrer la faisabilité d'un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils à décollage et atterrissage vertical (VTOL en anglais) sur trois lignes.
Trois lignes sont prévues pour les taxis volants électriques : de l'aéroport Paris-Roissy à celui du Bourget, et de l'héliport d'Issy-les-Moulineaux d'une part vers l'aérodrome de Saint-Cyr-l'Ecole, près de Versailles, et d'autre part vers une barge sur la Seine à proximité du quai d'Austerlitz, dans le sud-est de Paris.
Projet de longue date, l'expérimentation de ces engins en région parisienne pendant les Jeux olympiques et paralympiques a vu ses ambitions révisées en baisse ces derniers mois, Volocopter n'ayant pas obtenu dans les temps une certification de l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) pour accueillir des passagers payants.
Même sans ce certificat, le Volocity peut être autorisé à effectuer des démonstrations avec le seul pilote à bord, voire à transporter également un observateur non payant, avait expliqué en début d'année le PDG de Volocopter, Dirk Hoke.