Une enquête publique a été menée pour évaluer l'intérêt de la création d'une plateforme d'atterrissage pour les futurs taxis volants sur la Seine à proximité de la gare d'Austerlitz. Le commissaire enquêteur a rendu un avis défavorable sur ce projet. Une annonce qui réjouit des associations environnementales.
Pas d'atterrissage en vue pour les futurs taxis volants dans le quartier d'Austerlitz dans le 13e arrondissement de Paris. Selon des informations du Parisien, le commissaire enquêteur a rendu un avis défavorable le 2 février dernier sur ce projet de création du vertiport expérimental qui doit être construit sur la Seine.
►Enquête publique Vertiport Austerlitz Paris 13e arr.
"Cette expérimentation a pour objet de tester un nouveau mode de transport utilisant des aéronefs électriques dénommés "e-VTOL" ("electric Vertical Take-off and Landing" en anglais, soit des aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical) afin d’évaluer à terme sa pertinence et son acceptabilité dans un contexte urbain dense", indique la préfecture d'Île-de-France.
Mais le commissaire enquêteur a estimé, dans son avis (consultatif), que "les gains potentiellement apportés par le projet ne justifient pas les inconvénients qui seront supportés pendant l’expérimentation".
Un autre vertiport à Issy-les-Moulineaux
Le projet vise à créer une plateforme d'atterrissage sur la Seine au niveau de la Cité de la Mode et du Design. Aéroport de Paris - Le Bourget (Groupe ADP) entend construire un autre héliport à Issy-les-Moulineaux. Les aéronefs pourraient les relier en survolant la Seine ou le périphérique.
Une "aberration" pour Christine Nedelec, présidente de France Nature Environnement Paris : "Si les taxis volants, les hélicoptères électriques, remplacent les hélicoptères, ça nous paraît intéressant. Mais si c'est pour le transport individuel, c'est choquant, car ils sont très énergivores."
Et de souligner, comme le commissaire enquêteur, du caractère "élitiste" de ces taxis qui ne pourront transporter qu'une personne à la fois et ce, pour un coût élevé.
Nous ne voulons pas des taxis volants @Prefet75_IDF ! A l’heure de l’urgence climatique et sociale, il n’est pas acceptable de développer des engins énergivores, onéreux et hasardeux. ✍️ Signez la pétition : https://t.co/XKbMRdvdGP
— France Nature Environnement Paris (@FNE_Paris) December 7, 2023
Plusieurs communes opposées au projet
Plusieurs communes se sont d'ores et déjà opposées au projet. En novembre 2023, le Conseil de Paris a émis un avis négatif sur le projet de vertiport d'Austerlitz. "Pour faire gagner quelques minutes à quelques nantis pressés, ignorants et méprisants de l’urgence climatique, on polluerait l’atmosphère, on détruirait l’environnement sonore", avait dénoncé le conseiller (PS) de Paris, Florian Sitbon selon des propos rapportés par Le Monde.
"D'un point de vue écologique, c'est délirant. Ce n'est pas parce qu'ils ont des batteries électriques que c'est vertueux. Pour élever du sol à la verticale un objet volant qui est un fer à repasser, il faut beaucoup d'énergie", abonde Christine Nedelec, présidente de la FNE Paris, pour qui, le seul intérêt de ces aéronefs réside dans le transport sanitaire en remplacement des hélicoptères thermiques.
Début septembre, l'Autorité environnementale française avait d'ailleurs jugé "incomplète" l'étude d'impact de la future base expérimentale de taxis volants prévue sur la Seine mettant en cause la pollution sonore et visuelle.
Finalement il n'y a pas que les écolos qui sont de méchants qui n'aiment pas la modernité ! Le commissaire enquêteur a émis un avis défavorable pour l’installation d’un « vertiport » à Austerlitz ! Non aux taxis volants, et c'est tant mieux !
— David Belliard (@David_Belliard) February 8, 2024
https://t.co/0TrQ9RGc4L
Appareil en phase de certification
Actuellement, seule l'entreprise allemande Volocoptère est sur les rangs pour faire voler de tels engins au-dessus du ciel parisien.
"Si on peut voler à Paris, on peut voler dans n'importe quelle ville du monde", avait argué Dirk Hoke, dans un entretien à l'AFP, en janvier dernier. Son objectif est "d'être certifié pour voler cet été à Paris".
Il doit ainsi démontrer que l'engin a le même niveau de sécurité qu'un avion de ligne, cent fois supérieur à celui d'un hélicoptère. Statistiquement, "ça veut dire un accident tous les un milliard d'heures de vol, ce qui dépasse le cycle de vie de tout aéronef", rappelle-t-il.
From successful worldwide test flights to the exploration of more use cases for the #eVTOL industry, Volocopter is preparing to make their biggest leap yet by launching the first electric #UrbanAirMobility service in Europe. pic.twitter.com/JIIJYDZuVQ
— Volocopter (@volocopter) January 17, 2024
En collaboration avec le gestionnaire d'aéroports Groupe ADP, la RATP et la région Île-de-France, Volocopter entend le faire voler sur cinq routes : deux boucles touristiques autour d'Issy-les-Moulineaux et de l'aéroport du Bourget, et des liaisons reliant Issy-les-Moulineaux à Saint-Cyr-l'Ecole, près de Versailles, Le Bourget à l'aéroport de Roissy-Charles De Gaulle et Issy-les-Moulineaux à cette fameuse barge à Austerlitz. C'est le ministre des Transports qui aura le fin mot sur la création de cette infrastructure.
Il faut compter une douzaine de minutes pour un vol de 20 kilomètres. Le prix avoisinerait la centaine d'euros.